Le départ du préfet de police de Paris Didier Lallement était annoncé pour le 20 juillet, via des fuites d’un gouvernement soucieux de ne pas paraître lui faire payer la gestion policière ultra-violente de la soirée du 28 mai au Stade de France. Au contraire, quelques jours plus tard, Macron réitérait sa « confiance » à son préfet.
Didier Lallement a en effet « fait le job » pour lequel il a été intronisé par Castaner aux lendemains de l’incendie du Fouquet’s, acte 18 des Gilets jaunes, par ces mots : « Je vous demande donc une impunité zéro ». Et s’il a été nommé au poste de premier responsable d’un ordre menacé, c’est que sa biographie plaidait pour lui. C’est sous son autorité que la police girondine a développé les techniques de maintien de l’ordre qui seront généralisées à Paris : nasses, gazage et tirs au LBD sur les manifestants avec comme bilan aux moins deux mains amputées, et un pompier volontaire paralysé suite à un tir à la tête. Ces techniques étaient justifiées par sa doctrine qu’il résumait de manière lapidaire : « La violence est le fait de toutes et tous, et notamment de ceux qui manifestent ».
Alors évidemment il est aussi indéniable de dire que « Macron n’est pas Pétain », et que Lallement n’est pas Papon, même si c’est Juppé qui avait déclaré lors de sa nomination à la préfecture de Gironde : « Il paraît qu’on m’envoie un nazi » ! Mais on peut, et on doit se souvenir, que Lallement s’inscrit dans une continuité de préfets de police de Paris, dont un certain nombre ont réprimé, dans le sang, les manifestations de travailleurEs (souvent communistes) et d’immigréEs qui contestaient politiquement l’ordre établi.
La trajectoire de Lallement, ancien chevènementiste, s’inscrit d’ailleurs dans la continuité des plus sanglants comme J. Baylot, ex syndicaliste CGT responsable de la répression qui a fait sept morts algériens le 14 juillet 1953, sans parler de Papon qui avait commencé son engagement chez les radicaux socialistes, avant de devenir le bourreau de centaines d’AlgérienEs le 17 octobre 1961 et des six syndicalistes de Charonne qui manifestaient contre l’OAS, organisation terroriste d’extrême droite. Il faut croire que c’est la casquette (de préfet) qui fait l’homme. Et les circonstances politiques qui déterminent le niveau de violence d’État qu’il déploie.
Alors pendant que Lallement ira pantoufler à la Cour des Comptes quelques mois, pour s’assurer une juteuse retraite, on se prépare à faire face à son successeur !