« L’association "Coordination contre le racisme et l’islamophobie" a été dissoute en conseil des ministres, conformément aux instructions du président de la République. Comme le détaille le décret que j’ai présenté, elle appelait à la haine, à la violence et à la discrimination. » C’est, comme il l’avait fait pour informer qu’il entendait déposer une plainte contre Philippe Poutou, au moyen d’un tweet que le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé, le 20 octobre, la dissolution de la Coordination contre le racisme et l’islamophobie (CRI).
Et il n’est nul besoin de partager les orientations et prises de position de cette dernière pour mesurer la gravité de cette nouvelle mesure de dissolution, après celle de l’association Baraka City et du CCIF. Les motifs invoqués pour la dissolution sont en effet éloquents : la CRI est ainsi accusée, entre autres, de « cultiver le soupçon d’islamophobie au sein de la société française », et de « distiller un message incitant à percevoir les institutions françaises comme islamophobes, alimentant ainsi un soupçon permanent de persécution religieuse de nature à attiser la haine, la violence ou la discrimination envers les non-musulmans ». En d’autres termes, on reproche à la CRI de lutter contre l’islamophobie…
Autre accusation : celle de « tenir un discours antisioniste appelant des messages à teneur antisémite ». Quelles preuves à l’appui ? Des commentaires Facebook, qui n’ont pas été publiés par l’association ni par ses membres, mais par des abonnéEs à la page de la CRI. Certains de ces commentaires sont effectivement abjects, mais quiconque connaît un minimum le fonctionnement des réseaux sociaux sait qu’il est particulièrement malhonnête d’accuser les animateurs d’une page Facebook d’être solidaires de l’ensemble des commentaires qui y figurent, et surtout qu’il s’agit d’un prétexte commode pour s’en prendre à une association, à défaut de pouvoir l’accuser directement.
Celles et ceux qui, comme nous, ne se reconnaissent pas dans les orientations et prises de position de la CRI, doivent être lucides : cette dissolution est un scandale démocratique, et les motifs invoqués pourraient être facilement utilisés contre bien des associations, collectifs et… partis politiques.