Système antidémocratique des parrainages, déséquilibre flagrant dans les médias, inégalités de moyens financiers : tout est fait pour que la présidentielle soit réservée aux candidats des partis institutionnels. Ils ne veulent pas de nous ? Tant pis pour eux, on sera là !
La semaine dernière, on apprenait, par le Canard enchaîné, que la candidate des Républicains Valérie Pécresse possédait, avec son mari, un tel patrimoine que même ses conseillers s’inquiétaient de l’effet que pourrait avoir cette opulence sur l’électorat. Il faut dire que les Pécresse ne se refusent rien : deux maisons à La Baule (valant au moins deux millions d’euros chacune), une autre à Versailles (plus de deux millions aussi), et l’on ne parlera pas de ses actions General Electric et des revenus de son époux (entre 1,5 et 2 millions d’euros par an). Voilà qui n’empêche pourtant pas Pécresse de dénoncer en permanence « l’assistanat » et de proposer des mesures toujours plus favorables aux riches, au détriment des classes populaires.
La politique, une affaire de gros sous
Pécresse n’est pas une exception dans le champ politique, et l’on n’a pas oublié que Macron avait dû payer l’ISF en 2016 (après une réévaluation de son patrimoine, qu’il avait sous-déclaré), avant de supprimer cet impôt au début de son quinquennat. Et au-delà des individus, les partis institutionnels, en raison d’un mode de financement particulièrement favorable aux plus gros, reçoivent chaque année des millions, voire des dizaines de millions d’euros d’aides publiques : en 2020, LREM a ainsi touché plus de 22 millions d’euros, Les Républicains 12,8 millions, le Parti socialiste 6 millions, le RN 5,2 millions, etc. Et les indemnités des élus ne sont pas comprises dans ces chiffres.
La politique institutionnelle est donc une affaire de gros sous, avec un personnel politique à l’image de la classe pour laquelle il œuvre, et tant pis pour celles et ceux qui voudraient venir perturber le train-train des politiciens professionnels et de leurs machines électorales. Tant pis aussi, au passage, pour la démocratie… Et à l’occasion de l’élection présidentielle, avec notamment le système des parrainages et la répartition du temps de parole dans les médias, on se rend compte que tout cela fait système : tout est fait pour que celles et ceux qui refusent de se faire absorber par des institutions au service des possédants soient marginalisés, voire totalement inaudibles. Et certains font encore semblant de s’étonner du développement de l’abstention…
La majorité exclue de la prise de décision
Ainsi, tout est organisé pour que celles et ceux qui voudraient radicalement et collectivement changer les choses ne puissent pas accéder au pouvoir par la voie électorale. La présidentielle est à ce titre particulièrement caricaturale : combien savent par exemple que nous devons dès maintenant engager des centaines de milliers d’euros, sans aucune certitude que nous les récupérerons en raison du système des parrainages, pour… acheter du papier pour imprimer les dizaines de millions de professions de foi qui seront envoyées aux électeurEs quelques semaines avant le premier tour ? Pour des millionnaires et des partis qui captent la quasi totalité des aides publiques, ce n’est pas grand-chose. Pour des organisations comme la nôtre, qui se financent par des souscriptions et des cotisations militantes, c’est un tout autre problème.
Nous n’avons pas choisi les règles du jeu, et force est de constater que le moins que l’on puisse dire est qu’elles nous sont particulièrement défavorables. Par « nous », on entend ici un camp social, celui des exploitéEs, des oppriméEs, celui de la très grande majorité de la population, que l’on décourage, par tous les moyens, de faire de la politique et de se penser comme acteurs et actrices des décisions qui les concernent. On tente ainsi de les persuader qu’ils et elles n’ont pas leur mot à dire, ou alors une fois tous les cinq ans, en donnant mandat à des professionnels de la politique qui s’occuperont de tout car eux seuls sauraient ce qui est bon pour nous. Et c’est précisément à cela que nous voulons nous opposer avec la candidature de Philippe Poutou.
Avec Philippe Poutou, renversons la table !
Le début de la campagne a déjà montré qu’au milieu des autres candidats, et notamment des politiciens professionnels de gauche comme de droite, la candidature de Philippe Poutou détonne et incarne la nécessité de s’affronter à ce système, de s’organiser pour le faire, et de défendre la perspective d’une société libérée de l’exploitation et des oppressions. Et même si nous savons que les élections ne changent pas la vie, nous savons aussi que plus le nombre de voix qui se porteront sur sa candidature sera important, plus le sentiment d’isolement qui peut exister, chez celles et ceux qui tentent de résister, se réduira, et plus notre camp pourra reprendre confiance en lui, en sa force et en ses capacités d’agir collectivement pour transformer les choses.
Alors n’hésitons pas : l’obstacle des parrainages doit être franchi pour que nous nous invitions à leur présidentielle. Et par notre campagne, par nos luttes et, en avril, par notre vote, tentons de bousculer le banquet des politiciens et préparons dès aujourd’hui les lendemains d’une élection qui, quels que soient les résultats de cette dernière, devront nécessairement être placés sous le signe de la résistance et du combat pour nos droits. Faire campagne pour Philippe Poutou, c’est dire que nous refusons de nous résigner au prétendu « vote utile », qui a montré, élection après élection, à quel point il était inutile, et c’est aussi faire entendre haut et fort que nous sommes des centaines de milliers, pourquoi pas des millions, à assumer notre radicalité et à être prêts à en découdre avec Macron, les capitalistes et leur monde. Nos vies valent plus que leurs profits !