Publié le Samedi 20 octobre 2012 à 09h23.

Avis d’ouragan: Parisot attaque, Ayrault recule

 

Laurence Parisot, confortée par la victoire des « pigeons », a attaqué la semaine et le gouvernement très fort. C’est bien entendu dans les pages du Figaro de lundi dernier qu’elle sonne l’alarme et martèle bille en tête les exigences du patronat.
Alors que Jean-Marc Ayrault multiplie les gestes en direction du Medef, celui-ci en profite pour faire monter les enchères et exercer une pression croissante sur un gouvernement déjà en grande difficulté.
Parisot se frotte les mains de l’annonce faite par Ayrault sur l’urgence et la nécessité d’un « choc de compétitivité ». Problème dont les médias, journaux télévisés à l’avant-garde, se sont fait les porte-étendard chaque soir. « Nous travaillons avec le gouvernement et nous souhaitons intensifier cette relation de travail pour imaginer ensemble les solutions qui nous permettent de faire face à la situation », précise-t-elle. En clair, nous entendons dicter notre volonté au gouvernement.
Les arguments rappelleront les roucoulements de la semaine passée, même si au ball trap on sent que c’est Parisot qui tient le fusil et le gouvernement qui sert de pigeon. « Un ouragan » serait à venir sur l’économie française, « certains patrons sont en état de quasi-panique ». « Vouloir aligner la fiscalité du capital sur celle du travail, cela procède d’une profonde erreur de raisonnement économique […] L’ignorance économique dans laquelle les Français ont été maintenus depuis des années est scandaleuse et explique ce grand ‘bordel’ intellectuel », déclare-t-elle. Ces déclarations sont bien entendu suivies d’exigences. C’est un « choc de 30 milliards » au moins qu’il faut avec baisse des « charges » patronales et soit augmentation de la CSG, soit augmentation de la TVA hors produit de première nécessité.
Alors que syndicats et patrons doivent se rencontrer sur cette question, le patronat est bien déterminé à ne pas s’encombrer en négociations et annonce au gouvernement combien ils veulent, laissant le choix de la méthode. Le projet de TVA sociale de Nicolas Sarkozy mal enterré n’était qu’un piètre soulagement puisqu’il s’agit, comme partout en Europe, de transférer encore plus d’argent des poches des salariéEs à celles des patrons et des actionnaires.
Laurence Parisot a aussi mené la charge contre la taxation des plus-values mobilières. « L’alignement de la fiscalité des revenus du capital sur celle du travail est une erreur de raisonnement économique grave. C’est comme les 35 heures », a-t-elle souligné. Ajoutant, « il est temps que le gouvernement prenne à bras le corps le principe de réalité ».
La réponse de Ayrault à Parisot est pour le moins pleine de complaisance et de compréhension : « La France est affaiblie socialement, économiquement, moralement ». Parlant lui-même aussi de « tempête » : « Je ne conteste pas Laurence Parisot ». Dès le lendemain d’ailleurs, pour calmer les ardeurs des possédants, la taxation des œuvres d’art de plus de 50 000 euros était annulée par ce dernier. Dans l’intérêt de la culture et non de la bourgeoisie, qui pourrait penser cela !
Dès aujourd’hui, pour ne pas se faire encore plus déposséder au profit des puissants, l’exemple portugais nous encourage à mobiliser sur tous les fronts pour faire battre en retraite ce gouvernement et les patrons.
Thibault Blondin