Lors de son discours de politique générale, le Premier ministre a annoncé une politique qui ne pourra être qu’une politique d’austérité face à laquelle on ne peut pas s’abstenir.
Le 3 juillet dernier, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault faisait sa déclaration de politique générale à l’Assemblée. Un discours long et passablement ennuyeux au cours duquel il a égrené les quelques mesures censées incarner le « changement » : suppression de la TVA sociale, retour à 5,5 % de la TVA sur les livres, création d’une tranche d’imposition à 45 % et d’une autre à 75 % sur les revenus annuels supérieurs à 1 million d’euros, abrogation de la loi instituant les conseillers territoriaux, « proposition » de l’ouverture du droit de vote aux élections municipales aux étrangers présents en France depuis cinq ans, interdiction du cumul des mandats, ouverture du droit au mariage et à l’adoption aux couples homosexuels… Priorité à la dettePour le reste, à moins de se laisser abuser par les formules clinquantes comme le « redressement dans la justice » et les affirmations mensongères telles que « je refuse l’austérité » ou encore « les classes populaires et les classes moyennes seront épargnées », tout son discours annonce l’austérité qu’il récuse. Dès les premières minutes, Ayrault a centré ses propos autour de la dette et a fait de sa réduction l’objectif prioritaire de son gouvernement. « Je ne veux pas être de la génération qui aura reporté le poids d’une dette excessive sur ses enfants et ses petits-enfants », argumente-t-il, comme si la responsabilité de cette dette devait être attribuée à l’ensemble d’une génération, à toute la population, et non aux classes dirigeantes et aux gouvernements qui n’ont eu de cesse de servir leurs intérêts. « Il ne pourra y avoir de redressement du pays sans redressement de nos comptes publics », affirme-t-il tout en prétendant mensongèrement que son gouvernement ne serait pas celui d’une austérité renforcée, ni même de l’austérité tout court. Ayrault évoque le rapport de la Cour des comptes publié la veille de son intervention en indiquant que le gouvernement partira de ses conclusions pour rectifier en juillet le budget de 2012 puis établir en septembre le budget 2013. Mais il ne cite pas de chiffres. Or ce rapport indique qu’il manquerait 8 milliards d’euros en 2012 pour faire revenir le déficit budgétaire à 3 %, et 33 milliards en 2013. Et cela, alors que, d’un autre côté Hollande s’est engagé à faire voter par le Parlement le traité sur la stabilité financière dans l’Union européenne qu’il avait fait mine auparavant de vouloir renégocier.Après les premiers actes du gouvernement, la hausse dérisoire du Smic et le discours d’Ayrault, il ne peut y avoir aucun doute sur la politique que mènera le gouvernement Hollande, dans la continuité de celle de Sarkozy. Tel n’est pas l’avis de la direction de la CGT qui veut voir dans les propos d’Ayrault une « nouvelle orientation par rapport à la politique du gouvernement Fillon ». Même le leader de la CFDT, François Chérèque, s’est montré moins servile en disant au moins : « c’était la rigueur avant l’arrivée de François Hollande, c’est la rigueur après ». Quant aux députés de gauche, ils ont tous voté la confiance à l’exception des députés du Front de Gauche qui se sont abstenus, tout en continuant à se situer dans la majorité gouvernementale. André Chassaigne, le président PCF du groupe de la gauche démocratique et républicaine, a parlé « d’abstention constructive », insistant au nom de son groupe sur sa volonté « que la gauche réussisse ». On ne peut pas s’abstenir face à l’austérité. Il ne s’agit pas d’une erreur du gouvernement Hollande mais bien d’un choix politique déterminé par sa volonté de servir les intérêts des banques et des multinationales. L’heure est aujourd’hui à construire une opposition de gauche à ce gouvernement afin de préparer les mobilisations seules à même d’empêcher la dégradation de la situation pour les couches populaires.