Dans la soirée du jeudi 21 avril, à Blois, un étudiant d’origine marocaine a été assassiné par la police lors d’une interpellation.
Zakaria Mennouni, un jeune homme de 27 ans, étudiant à Amiens et alors en stage à Blois, est sorti vêtu d’un tee-shirt, d’un boxer et pieds nus dans la rue en se mutilant avec un couteau. À ce moment, l’étudiant était manifestement perturbé. La police en intervenant lui a ordonné de lâcher son couteau. Les policiers ont alors déclaré s’être sentis « menacés » et ont donc tiré sur lui, deux coups de taser puis trois tirs de LBD. L’un des policiers a alors utilisé son arme de service, le jeune homme est mort un peu plus tard à l’hôpital de Blois.
Est-ce un crime que d’être malade ?
Une enquête a été ouverte pour tentative de meurtre sur agents dépositaires de l’autorité publique, donc la police n’aura pas à s’inquiéter des suites de cette affaire. D’ailleurs le policier qui a fait usage de son arme de service à quatre reprises, n’a pas fait l’objet d’une garde à vue.
Plusieurs éléments laissent penser que le jeune homme n’était pas dans un état psychique « normal ». Alors comment une personne qui ne va pas bien est-elle en capacité d’« obéir » aux ordres ? Comment une personne en souffrance psychique peut-elle être rassurée par une intervention de sept policiers ? D’autant plus si elle est étrangère et ne possède qu’un visa étudiant ?
Les infirmierEs de psychiatrie et éducateurEs sont très régulièrement confrontés à de la violence, essentiellement générée par un profond mal-être. Imagine-t-on un seul instant qu’ils et elles répondent de la même manière que les policiers ? Il existe des techniques pour retirer, à plusieurs, plus ou moins facilement, un objet contondant, puis pour accompagner la personne vers l’apaisement.
Un cas pas si isolé
La mort du jeune homme de Blois n’est pas isolée. En France, les cas se multiplient. Il est scandaleux qu’aujourd’hui des personnes atteintes d’un trouble psychique, d’autisme ou de handicap mental meurent parce que des policiers arguent de leur légitime défense. Les stéréotypes jouent à plein : sur la « folie », le handicap ; et on peut rajouter que les victimes répertoriées sont très souvent d’origine étrangère.
Ce genre de cas ne sort pas de nulle part, il accompagne la détérioration du système de santé dû à la politique capitaliste du profit. Oui, la santé ça coûte cher, et ça ne rapporte pas. Il faut faire une priorité du financement des structures de soins et d’éducation ainsi que la revalorisation les salaires des travailleurEs de ces secteurs. Un meilleur accès aux soins, aux accompagnements éducatifs, et une meilleure insertion sociale, permettent de limiter l’apparition de crises, notamment dans l’espace public.
Oui, la police tue
On peut et on doit également évoquer la question du désarmement de la police car ce n’est pas la première fois que le bras armé de l’État tue dans le Loir-et-Cher. Il y a cinq ans le GIGN était venu abattre Angelo Garand chez ses parents lors d’un repas car il n’était pas rentré après sa permission de sortie de prison. Depuis cinq ans, le collectif Justice pour Angelo dont fait parti le NPA 41 lutte pour faire reconnaître le meurtre d’Angelo. En 2010, c’était Luigi Duquenet qui avait été tué par les gendarmes. Angelo et Luigi appartenaient à la communauté des gens du voyage, et Zakaria était d’origine marocaine : on ne peut pas ne pas voir le caractère raciste de ces meurtres.
Justice pour Zakaria
Il est l’heure maintenant de réclamer justice et vérité pour Zakaria Mennouni, ce à quoi le NPA 41 se joint pour soutenir la famille et les proches de l’étudiant. Pour comprendre et pour que justice soit faite, il est essentiel de faire reconnaître le caractère psychophobe de ce meurtre. Et les proches ont déjà commencé à s’organiser autour de la page Facebook Justice pour Zakaria en lien avec les collectifs Justice pour Angelo et Urgence notre police assassine.