Samedi 17 novembre, le Conseil politique national, instance de direction du NPA, s’est réuni exceptionnellement sur un seul jour. En cette journée de mobilisation des « gilets jaunes », il s’agissait de faire le point sur la situation sociale et politique, et de tracer des perspectives pour les prochaines élections européennes.
Le premier point a donné lieu à un échange nourri. D’abord sur la nature d’un mouvement dont les contours apparaissent mal définis et mouvants. Si la colère contre la vie chère rencontre la plus grande solidarité, des interrogations existent sur sa relation au mouvement ouvrier, alors que droite et extrême droite veulent chevaucher le mouvement pour qu’il exprime son potentiel le plus réactionnaire. Reste les perspectives à tracer : comment le mouvement ouvrier, le mouvement social, peut-il reprendre l’initiative, faire coaguler les mécontentements et proposer un prolongement à une révolte que pas grand monde n’avait vu venir ? Si ce moment d’échange s’appuyait sur différentes contributions issues en particulier de membres de la direction du NPA, aucune n’a été soumise au vote, tant les questions restent ouvertes.
Dans le calendrier de mobilisation de ces prochaines semaines, la question de la justice climatique occupe une place importante, avec de nouvelles marches pour le climat le samedi 8 décembre dans tout le pays. Comme le dit la motion adoptée par 58 % du CPN, au-delà de la participation aux marches du 8 décembre, « nous devons agir à plusieurs niveaux : construire des cadres communs de mobilisation […] permettant la coordination des différents modes d’action ; dans cette mobilisation chercher à faire exister un pôle faisant le lien entre justice sociale et justice climatique autour du mot d’ordre "changer le système pas le climat" ; mener le débat dans le mouvement social […] sur la nécessité d’intégrer le combat contre le changement climatique ; populariser, confronter et défendre notre programme écosocialiste par des initiatives appropriées (réunions publiques, débats avec d’autres courants…) mais aussi l’intégrer pleinement dans notre profil général. »
Articuler campagnes politique et financière, une nécessité
Après la fin des discussions avec Lutte ouvrière, ce CPN jouait un rôle important pour faire le point sur la démarche du NPA engagée depuis juin concernant les prochaines élections européennes. En ce sens, à l’issue de nos débats, un texte a été adopté par 66 % de la direction nationale.
Avec le « refus [de LO] aujourd’hui acté, nous avons maintenant la responsabilité de lancer notre propre campagne politique, avec l’objectif de présenter une liste du NPA aux prochaines élections européennes. » Sans revenir sur l’ensemble de notre profil et de notre programme déjà adopté précédemment, le texte rappelle notamment que « nous voulons faire entendre une voix anticapitaliste qui combat l’UE, machine de guerre contre les intérêts des travailleurEs, comme les différents États et gouvernements qui la composent, celui de Macron en premier lieu. Nous nous opposons ainsi à la fois à la construction libérale de l’Europe, à ses traités, tout autant qu’au nationalisme ».
Pour y arriver, nous devons entraîner toute l’organisation dans la recherche du nerf de la bataille politique que constitue l’argent : « Notre principale difficulté, au-delà de nos forces militantes, est le barrage financier constitué par ces élections. Il nous faut environ 1,2 million d’euros pour payer le matériel électoral. Cela peut paraître considérable, mais dans le même temps, rapporté à notre écho, à notre sphère d’influence, cela représente surtout l’effort de convaincre – autour de nous, dans notre milieu, auprès des gens qui apprécient nos idées sans forcément toutes les partager – de la nécessité absolue de notre présence. C’est à notre portée. »
Mais nous ne trouverons pas les moyens financiers de nous présenter si nous ne convainquons pas largement autour de nous de la nécessité de faire entendre dans les prochaines élections la voix anticapitaliste et internationaliste du NPA. C’est pour cela que sans attendre, alors qu’un premier matériel (affiche, 4 pages, carton de souscription) est disponible, « nous décidons de lancer donc dès décembre une campagne de meetings ou de réunions publiques, avec nos porte-parole, sur la situation politique et sociale et nos propositions sur l’Europe. Nous devons apparaître à une large échelle afin de diffuser nos propositions politiques, de les mettre en débat... et de recueillir l’argent nécessaire. Cette campagne doit être la priorité militante de l’organisation et de sa direction, en charge de la mener et de l’animer ».
Outre la question des européennes, le CPN a aussi adopté à l’unanimité une « motion pour la relaxe de Roga et Victor. Aller en AG n’est pas un crime ! », afin de construire la solidarité contre la répression dont sont victimes ces étudiants de Nanterre condamnés respectivement à 6 mois de prison fermes et 4 mois de prison avec sursis. Enfin, cette réunion nationale a aussi permis de tirer le bilan du stage national de formation ouvert aux camarades qui animent le NPA tant nationalement que localement, et d’avancer dans la préparation de la Rencontre nationale des salariéEs du public et du privé qui aura lieu le week-end des 8 et 9 décembre à Saint-Denis.
De la mobilisation de rue à la perspective des urnes, touTEs sur le pont on vous dit !
Manu Bichindaritz