En France comme en Europe, les gouvernements enchaînent les attaques antisociales : gel des salaires, diminution du nombre de fonctionnaires, etc. En Grèce, à l’attaque contre les services publics de santé et d’éducation s’ajoutent la baisse puis le gel des salaires des fonctionnaires, la « simplification » des licenciements dans le privé, l’augmentation de la TVA qui frappe principalement les couches populaires. Et, pour faire bonne mesure, une nouvelle vague de privatisation.
Au Portugal, un premier plan d’austérité organisait la diminution du nombre de fonctionnaires, le gel de leurs salaires et le plafonnement de certaines prestations sociales. Un second plan vient d’être annoncé, axé sur l’augmentation de l’impôt sur le revenu et le relèvement de la TVA. En Espagne, les salaires des fonctionnaires sont également dans la ligne de mire : selon le niveau, ils seront abaissés de 5 à 15 %, puis gelés les années suivantes. La revalorisation des pensions de retraite est également gelée et diverses primes (dont les 2 500 euros « d’aide à la naissance ») sont supprimées. En Roumanie, les injonctions du FMI se traduiront par une baisse de 25 % des salaires dans la fonction publique et une diminution de 15 % des retraites et des allocations chômage. La crise actuelle agit comme un révélateur impitoyable et constitue une véritable « leçon de choses ».
Première leçon : alors que banques et multinationales sont responsables de la crise financière, les États ont massivement volé à leur secours, sans contrepartie et avec l’argent des contribuables.
Deuxième leçon : le crime (économique) paie. Renforcés par ce véritable détournement de fonds publics, spéculateurs et « marchés financiers » s’attaquent maintenant aux États les plus affaiblis et exigent de véritables plans de régression sociale.
Troisième leçon : les principaux États européens finissent par décider un plan « d’aide à la Grèce » qui vise, en fait, à garantir le remboursement des emprunts accordés par les banques européennes. En contrepartie, c’est l’austérité pour le peuple grec. Mais pas question de rogner sur le budget militaire grec : il faut bien que les entreprises d’armement, notamment françaises, continuent leur business !
Quatrième leçon : rien ne peut étancher durablement la soif de profit. Après une brève montée, les Bourses baissent à nouveau, « justifiant » un nouveau tour de vis contre les dépenses publiques.
Cinquième leçon : on ne se méfie jamais assez de l’avis des peuples. Ainsi a surgi la proposition hallucinante de la Commission européenne : contrôler les budgets des différents États avant leur vote par les Parlements nationaux ! Rarement les maîtres de l’Europe capitaliste auront signifié aussi crûment le mépris dans lequel ils tiennent assemblées élues et autres vestiges démocratiques.
Sixième leçon : pour porter ses mauvais coups, le système peut toujours compter sur le dévouement des dirigeants sociaux-démocrates. En Grèce, au Portugal et en Espagne, ce sont des gouvernements « socialistes » qui mettent en œuvre l’austérité exigée par l’Union européenne et le FMI, dirigé par le « socialiste » Strauss-Kahn. En France, à l’Assemblée nationale, les députés PS ont approuvé le plan de racket de la Grèce proposé par la droite…
Septième leçon : loin de jouer un rôle de solidarité et de protection, l’Union européenne et le FMI sont bien les machines de guerre contre les travailleurs et les peuples que dénoncent les anticapitalistes. L’ampleur de la crise comme la brutalité des attaques et leur dimension au moins continentale exigent évidemment des réponses à l’échelle de l’Europe. En France, l’offensive antisociale se déploie essentiellement dans deux directions : la « réforme » des retraites et la baisse des dépenses publiques. Sur les retraites, semaine après semaine, de rapports orientés en ballons d’essai, le gouvernement distille les mesures qu’il compte prendre et qui, toutes, visent à reporter l’âge du départ à la retraite et, surtout, à baisser le niveau des pensions. Quant à la « conférence sur les déficits publics » prévue cette semaine, elle poursuit un double objectif : « justifier » de nouveaux démantèlements des services publics et rejeter une partie de la responsabilité de la situation sur les régions. En France comme en Europe, nous sommes en train de passer de mesures de rigueur à la « thérapie de choc ». Ses effets sont pourtant connus : partout où cette thérapie a été appliquée, elle s’est traduite par une aggravation de la crise, la déstructuration de l’économie, l’augmentation de la dépendance et, bien sûr, de véritables catastrophes sociales. Il n’est que temps d’organiser la contre-offensive ! François Coustal