Publié le Vendredi 5 février 2016 à 09h20.

Cuba : Castro- Hollande, tapis rouge et business...

« Raúl est à Paris », titraient ce 31 janvier les sites des principaux quotidiens cubains, Granma et Juventud Rebelde. Vingt ans après que François Mitterrand a reçu Fidel Castro de façon peu officielle, François Hollande recevra son frère et successeur de façon très officielle. Hollande a mis les petits plats dans les grands : cérémonie lundi matin à l’Arc de triomphe, avec revue des troupes, minute de silence en l’honneur du soldat inconnu, honneurs militaires dans la cour de l’Élysée, puis dîner d’État auquel Melenchon a réussi à se faire inviter...

Dès qu’Obama a ouvert les portes, Hollande s’est empressé... En mai dernier, il avait été le premier chef d’État occidental à se rendre officiellement à La Havane depuis un demi-siècle... accompagné d’une trentaine d’industriels français. Il cherche à profiter de la volonté du gouvernement cubain de garder les mains libres vis-à-vis des Américains et donc de ne pas laisser les investisseurs US recoloniser l’île. Les besoins sont immenses, pas seulement pour le tourisme et l’hôtellerie, mais aussi et surtout pour l’ eau, l’énergie, les infrastructures routières et portuaires, ainsi que toutes les activités liées à la transition énergétique.

Castro est aussi une ouverture sur d’autres chefs d’État des pays d’Amérique latine. C’est à La Havane par exemple que vient d’être signée la fin de la lutte armée entre le gouvernement colombien et les FARC, la narcoguérilla. Il y a le projet du port géant de Mariel, à l’ouest de La Havane, en partie financé par le Brésil, point névralgique du commerce maritime entre les deux continents qui intéresse le lobby français du transport en mer.

La concurrence est grande entre les appétits des investisseurs chinois, américains, brésiliens, iraniens, russes, espagnols... L’État français espère bénéficier de l’annulation partielle de la dette de la part de la France, son principal créancier, et de sa place dans le Club de Paris qui gère cette dette. Un héritage du passé dont se revendique Hollande, en fait un héritage colonial quand 30 000 colons français avaient immigré d’Haïti vers Cuba en 1791, suite à la révolte des esclaves du Nord d’Haïti... Tout cela est bien du passé : Raul Castro a refusé de voir l’exposition d’Agnès Varda au centre Pompidou sur le Cuba des années 1960. Il a préféré se rendre au Musée de l’Homme récemment inauguré par François Hollande...