La loi de 1905 a instauré la séparation des Églises et de l’État, garantit la liberté de conscience, le libre exercice des cultes et l’égalité entre toustes, croyantEs ou non. Cet héritage repose sur un principe simple : l’État ne privilégie aucune religion, n’en discrimine aucune, et assure aux minorités la pleine jouissance de leurs droits.
Cent vingt ans plus tard, l’audition de Jean-Luc Mélenchon devant la commission parlementaire sur l’« entrisme religieux » souligne à quel point la laïcité est, dans le débat public, devenue un instrument pour légitimer des politiques racistes. L’objet réel de cette commission est en effet le ciblage des musulmanEs, en assimilant l’engagement social ou politique de personnes musulmanes à une menace et les organisations qui luttent contre l’islamophobie à des dangers pour la République.
Alors que tous les rapports factuels avaient déjà permis de montrer l’inanité des accusations, Mélenchon y a défendu avec éloquence la liberté de conscience. Les membres de la commission se sont montrés confus et incapables d’étayer la moindre thèse sérieuse. Wauquiez, pourtant à l’origine de cette commission, a même préféré éviter la confrontation. On peut se réjouir de ce fiasco.
Il ne faut pourtant pas se faire d’illusions : l’offensive islamophobe ne prendra pas fin avec cette audition et le fait que Mélenchon ait déstabilisé la commission. Cette séquence s’inscrit dans un projet politique construit depuis des années : fabriquer une nouvelle “question musulmane”, justifier surveillance, suspicion et exception permanente.
Répondre à l’offensive raciste passe par une compréhension solide, systémique, matérialiste du racisme, qui permette de comprendre le rôle central joué aujourd’hui par l’islamophobie. Cela suppose aussi de construire des solidarités à tous les niveaux et des rapports de forces. Car l’islamophobie n’est pas une folie : c’est un projet politique. Le racisme n’est pas une pathologie : c’est un rapport de domination.