Coincé entre la montée des mobilisations contre les violences racistes et policières, les manifestations pour le droit à la santé pour toutes et tous et des élections municipales qui vont probablement tourner au fiasco pour les listes amies du gouvernement, Macron s’est cru obligé de s’inviter à 20 heures dimanche 14 juin. Obligé au regard des errements de Castaner ou de Blanquer, de l’invisibilité de Pénicaud ou de Belloubet, d’un discrédit croissant d’un gouvernement de menteurs et d’incompétents.
Tout ça pour ça ? Comme prévu, cette intervention, fortement médiatisée, a une fois de plus été un exercice d’enfumage médiatique sans autre orientation politique que celle à l’œuvre depuis le début du quinquennat. D’un côté, le soutien massif aux entreprises pour qu’elles produisent à nouveau et le plus rapidement possible profits et dividendes. De l’autre, rien, ou des miettes, pour celles et ceux dont le pouvoir a tant chanté les louanges pendant la lutte contre le Covid-19.
La mesure la plus largement commentée par les médias est le passage au « vert » de l’Île-de-France, avec comme principale conséquence l’ouverture des cafés et des restaurants. Une piètre consolation pour celles et ceux qui, depuis des mois, peinent à remplir leur frigos ou à faire face aux besoins les plus immédiats, notamment la santé.
Autre « annonce forte », le refus de déboulonner les statues des racistes et autres chantres du colonialisme qui se sont succédé de la royauté aux républiques jusqu’à la cinquième du nom. Leur protection sera-t-elle assurée par une police à laquelle Macron a assuré « le soutien de la puissance publique et la reconnaissance de la Nation » ? Une posture qui est une véritable provocation face à la montée dans le monde entier des protestations contre les violences racistes et policières. Tout en évitant de se prononcer sur la fin des interdictions de manifester pourtant remises en cause par le Conseil d’État, et avec l’annonce de Castaner affirmant que « la clé d’étranglement » pourra continuer d’être utilisée « avec discernement ».
Déconfiner les profits
En matière sociale, on a eu droit à un bla bla qui masque mal l’absence de toute mesure pour la reconstruction de l’hôpital et de tous les dispositifs de santé au sortir d’une crise sanitaire qui a mis en évidence le résultat de dizaines d’années de politiques régressives.
Pour Macron, la remise en route de l’économie doit s’accélérer grâce aux 500 milliards mobilisés pour « sauver » les entreprises, mais pas les emplois, comme le montre le cas de Renault qui bénéficie de deux milliards d’aides pour supprimer 4 600 emplois directs, soit probablement près de 20 000 au total avec la fermeture de quatre sites de production. Comme l’exige le Medef, pour sauver les entreprises il faut se préparer à travailler sans retour possible à l’emploi des millions de chômeurEs. Et, toujours à la demande du Medef, les mesures de protection sanitaire devraient être affaiblies pour ne pas gêner les gains de productivité.
La reprise de l’école permettra de libérer l’ensemble des salariéEs pour le retour au travail. Mais certainement pas de préparer une rentrée scolaire dotée des moyens nécessaires à faire face aux enjeux de l’éducation pout touTEs et prenant en compte d’éventuels risques sanitaires.
Plus que jamais, riposter !
La troisième phase du déconfinement n’est que la poursuite des politiques de régression sociale et de répression qui sont la marque de fabrique du quinquennat Macron. La réforme des retraites circule à nouveau dans les couloirs de l’Élysée et l’application de celle de l’assurance-chômage n’est qu’étalée dans le temps.
Pour s’opposer à cette politique, il y a urgence à désarmer la police et à obtenir la justice pour les victimes des violences policières. Il faut interdire les licenciements, réduire et partager le temps de travail sans perte de salaire pour supprimer le chômage, annuler la dette et réquisitionner les banques, investir massivement dans les services publics avec l’embauche d’un million de personnels, en particulier dans la santé et l’éducation, et augmenter les salaires de 300 euros comme l’exige la mobilisation actuelle des personnels de santé.
Pour cela, il faut continuer ces prochains jours à nous mobiliser, à reconstruire une riposte sociale. Ce mardi 16, ce sont des dizaines de milliers de manifestantEs qui se sont retrouvés, à l’appel des personnels de santé pour un droit à la santé de qualité, accessible à touTEs. Et samedi 20 juin la mobilisation contre le racisme et les violences policières doit rejoindre la solidarité avec les sans-papiers. Mais l’urgence, c’est aussi et surtout une large mobilisation du mouvement social, syndical, associatif, politique, pour que rien ne soit plus comme avant, vraiment.