Boutin, Morin, Villepin... les candidatures ne cessent de tomber à droite, montrant l’impopularité de Sarkozy dans son propre camp. Mais c’est contre toutes les politiques de droite que nous devons lutter.S ans aucun doute, c’est à droite que le nombre de candidats déclarés à l’élection présidentielle est le plus important. Difficile de savoir à l’heure actuelle si Nihous, Boutin, Morin ou Villepin obtiendront les 500 parrainages. Mais une chose est sûre : le candidat Sarkozy prend un peu plus de plomb dans l’aile avec tous ces rivaux issus de son propre camp politique. Être incapable pour un président sortant de faire rentrer dans le rang des politiciens crédités d’à peine 1 % des voix, c’est révélateur pour Sarkozy d’une fin de règne annoncée. Ce n’est pas seulement l’habituel panier de crabes de la droite qui s’agite avant toute période électorale, c’est le symptôme d’une pression renforcée sur les partis institutionnels depuis l’aggravation de la crise, et notamment sur celui qui est au pouvoir.
Sarkozy, Fillon et tous leurs laudateurs sont de plus en plus détestés par les couches populaires et les jeunes. Il y a donc une carte à jouer : se démarquer de Sarkozy pour se préserver un avenir politicien. Sans doute sans trop y croire pour 2012... mais en misant sur l’instabilité politique qui risque de s’accroître dans les années à venir et ainsi se laisser toute latitude pour jouer un jour ou l’autre les recours possibles. Ainsi, le dernier à s’être déclaré est Villepin, ancien Premier ministre de Chirac qui avait mis toute la jeunesse dans la rue contre lui en 2006, avec son projet de Contrat première embauche, a pris la posture de l’homme « au-dessus des partis » héritée des vieilles heures de gloire du gaullisme. Villepin, entre deux affaires judiciaires (après le procès Clearstream, ce sont désormais ses relations amicales avec l’ancien président du groupe Relais et Châteaux écroué pour malversations financières qui focalisent l’attention des juges...), aura-t-il le temps de faire autre chose que des déclarations télévisuelles grandiloquentes ? En tout cas, son couplet sur la nécessité d’un gouvernement d’union nationale pour sortir le pays de la crise n’est pas sans faire écho à la situation actuelle en Grèce où le gouvernement rassemble toutes les forces politiques, des socialistes à l’extrême droite. Villepin fait une offre de service aux classes possédantes : il se tient en réserve au cas où. Tout comme Juppé pourrait un jour ou l’autre le faire.
Au fur et à mesure, que, entre Bayrou d’un côté et Le Pen de l’autre, les marges de manœuvres électorales de l’UMP se rétrécissent, une partie de ces politiciens va chercher à reprendre son indépendance. Les rats quittent le navire en quelque sorte. Voir Villepin, ce vieux cheval, de retour, ou Boutin, cette vielle réactionnaire, prétendre incarner une autre voie que celle de Sarkozy, cela fait sourire du côté des anticapitalistes que nous sommes assurément ! Les voir se déchirer fait plaisir. Tout ce qui affaiblit nos ennemis est bon à prendre. Si la droite perd le pouvoir, ce sera à la fois en raison du rejet profond de sa politique par les classes populaires et de ses divisions internes.
Le candidat de la gauche institutionnelle sera sans doute celui qui tirera les marrons du feu de cet épisode électoral. Mais pour le NPA et son candidat, Philippe Poutou, il faut non seulement dégager Sarkozy mais aussi toutes les politiques de droite. Il faudra pour cela un autre terrain que celui des urnes : celui des luttes et du « tous ensemble ».
Marie-Hélène Duverger