Une nouvelle fois, les « forces de l’ordre », police et gendarmerie, se sont illustrées par un déchaînement de violence sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, blessant de nombreux manifestantEs.
Dans un rapport de forces totalement asymétrique, 2 000 gendarmes suréquipés, précédés d’engins blindés, se sont livrés du 21 au 23 mai à une véritable opération de guerre contre plusieurs centaines de zadistes protégeant leurs habitations, et tentant de ralentir l’avancée des forces de répression. Le résultat : près de 300 blesséEs dont plusieurs gravement. Il n’y a eu pratiquement aucun d’affrontement direct, mais une utilisation insensée de tirs de grenades en tout genre, dont la fameuse GLI-F4 responsable de nombreuses mutilations par le passé : 25 janvier 2001 à Lille, main arrachée pour Édouard ; 29 janvier 2009 à Saint-Nazaire, orteils arrachés pour Pascal ; 26 octobre à Pont-du-Buis, main arrachée pour Mickaël ; 15 août 2017, pied arraché pour Robin…
Des armes létales sur la ZAD
C’est un étudiant lillois solidaire avec les occupants de la ZAD qui, cette fois, a dû être amputé de la main. Comment aurait-il pu en être autrement alors que 10 000 grenades lacrymogènes et 1 000 grenades dites de désencerclement ont été tirées ? Pourtant, l’utilisation de ces grenades a, à maintes reprises, fait l’objet de recommandations de la part de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) et de l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) comme dans un rapport rédigé en 2014 : « L’usage de grenades peut mutiler on blesser mortellement un individu » et « provoquer des lésions irréversibles de l’ouïe ». « Les grenades à main de désencerclement sont légalement justifiées dans le cas d’ouverture du feu sur les représentants de la force publique ». C’est donc en parfaite illégalité et en dépit des graves dangers encourus que l’utilisation de ces armes est assumée par l’appareil répressif de l’État et le ministre de l’Intérieur Collomb, celui qui en a « marre de passer pour le facho de service » !
Une longue tradition de violences couvertes par l’État
Il serait fastidieux de revenir ici sur tous les crimes et violences policières commis au cours de « missions » de « maintien de l’ordre ». Pour mémoire, le 31 juillet 1977, lors de la manifestation s’opposant à la construction d’un surgénérateur à Creys-Malville, le militant anarchiste Vital Michalon avait été tué par un tir de grenade offensive alors qu’il n’était engagé dans aucun affrontement. Un autre manifestant avait eu un pied arraché, et un écologiste allemand avait vu sa main voler en éclats alors qu’il tentait de renvoyer une grenade. « En France, nous avons la chance d’avoir d’excellents prothésistes » : le commentaire du ministre de l’Intérieur de l’époque, Yves Bonnet, avait fait scandale, mais résume bien le peu de cas que font les autorités du sort des manifestantEs réprimés sauvagement.
Ne pas banaliser ni s’habituer
Les victimes des violences policières et leurs familles organisées dans différents collectifs ont manifesté samedi en tête de la « marée populaire » à Paris. Des procès et de nombreuses procédures sont en cours, des pétitions sont initiées et massivement signées. Des manifestations sont programmées, telle celle du samedi 16 juin pour exiger la vérité et la justice pour Lamine Dieng, assassiné par la police il y a 11 ans. Nous en serons !
Alain Pojolat