Ce début de semaine est marqué par l’ouverture du débat parlementaire sur le projet de loi des retraites. Pluie d’amendements et cris d’orfraie de la majorité devant « l’obstruction parlementaire », le théâtre peut commencer… Mais l’essentiel est ailleurs. Dans le contexte d’une fragilisation du pouvoir dont l’épisode Griveaux marque une nouvelle étape, la mobilisation – dans la rue et par la grève – reprend quelques forces, avec une nouvelle journée nationale ce jeudi 20 février.
Griveaux puis Macron : et hop tout ça à la poubelle !
On ne reviendra pas d’ici sur les conditions du départ de Griveaux. Tout au plus pourra-t-on souligner la dénonciation à géométrie variable du « scandale », de la « violence » dont l’ex-candidat à la mairie de Paris aurait fait l’objet, de la part de celles et ceux qui – politiciens, soutiens médiatiques, intellectuels et autres – sont restés totalement silencieux depuis un an et demi face aux violences, y compris physiques, subies par touTEs les opposantEs à ce pouvoir...
Mais si Griveaux a dû faire ses valises du jour au lendemain et Buzyn le remplacer au pied levé comme candidate (faisant le lendemain le contraire de ce qu’elle affirmait la veille), c’est que la situation du côté de Macron et de ses soutiens est de plus en plus tendue. Au-delà de la campagne électorale parisienne qui résume à elle seule beaucoup du macronisme – ambitions personnelles, coups de com sur fond de politique libérale autoritaire et divisions fratricides –, c’est bien le pouvoir qui est ébranlé. « Affaires » multiples, démissions de parlementaires, départs de ministres, listes dissidentes dans un tiers des villes, cotes de popularité en berne, les symptômes sont nombreux... Mais l’explication de cette fragilisation reste la contestation tous azimuts de sa politique : l’opposition dans la rue (avec les Gilets jaunes), la longue séquence de grève (en particulier dans les transports), malgré une propagande, en faveur de sa contre-réforme des retraites, qui n’a jamais pris…
L’heure est à la contestation
C’est dans ce contexte que se développent des mobilisations sectorielles En premier lieu avec le retour sur le pavé des salariéEs de la santé, sûrement soulagés du départ d’Agnès Buzyn vers une carrière d’authentique politicienne, mais avec la nomination d’Olivier Véran qui révèle une dangereuse continuité. Car le nouveau ministre de la Santé est surtout connu pour s’être attaqué frontalement à la Sécurité sociale en juillet 2018, voulant tout simplement supprimer sa mention dans le cadre de la réforme de la Constitution... Tout un programme ! Aussi, celles et ceux qui, au lendemain de la mort horrible d’une infirmière psychiatrique au centre hospitalier de Thouars, ont manifesté vendredi dernier par milliers dans différentes villes pour défendre le service public de santé, ont bien raison.
Plus inhabituel, le lendemain, à l’appel de différents syndicats, les saisonnierEs de plus de 60 stations de ski, par la grève, en s’adressant aussi aux touristes venus dévaler les pistes, se sont mobilisés pour manifester contre les attaques sur les retraites et l’assurance chômage. La réforme de cette dernière (dont le premier volet est entré en vigueur le 1er novembre dernier) va en effet avoir des conséquences dévastatrices pour une catégorie déjà précarisée : c’est en effet désormais six mois de travail sur 24 mois qui seront nécessaires pour ouvrir des droits (au lieu de quatre sur 28 mois). Fort avec les plus faibles, la marque de fabrique de ce gouvernement…
Construire la mobilisation générale, relancer la grève
Démarré il y a plus de deux mois, le mouvement contre le projet de loi des retraites reprend son souffle, à la faveur notamment des vacances scolaires. La première séquence, celle de la grève reconductible dans les transports, est terminée depuis quelques semaines et la mobilisation cherche de nouvelles perspectives. Après l’ouverture du débat parlementaire, la nouvelle journée de grève nationale interprofessionnelle ce jeudi 20 février et la construction de la grève des femmes le 8 mars sont des échéances importantes pour construire la mobilisation générale dont nous avons besoin pour gagner. Ces prochains jours, dans les services et les entreprises, dans les syndicats, sur nos lieux de travail et d’études, dans les quartiers, il faut donc mener la bataille pour construire l'unité d'action, pour avancer vers une grève de masse.
Pour rassembler toutes les forces opposées à la réforme issues de la gauche sociale et politique et des Gilets jaunes, toutes celles et ceux qui veulent en finir avec Macron et son monde, le NPA a proposé l'organisation d'une manifestation nationale à Paris en direction des lieux de pouvoir. C'est aussi dans cette même dynamique, en indépendance totale de la gestion du système au sein des institutions, que les militantEs du NPA seront présentEs dans les prochaines élections municipales aux côtés des acteurEs des luttes.
Le mouvement est loin d’être fini, notre camp social n’a pas dit son dernier mot.