Les 20 et 21 février la Haute Cour britannique a examiné l’ultime appel du journaliste australien, persécuté depuis 2010, et embastillé à Londres à la suite de la réponse favorable donnée à la demande d’extradition vers les États-Unis où une peine de 175 ans de prison lui est promise.
La décision n’interviendra au plus tôt qu’au mois de mars. En cas de confirmation de l’extradition, ne resterait alors qu’un dernier recours auprès de la Cour européenne des droits de l’homme.
La solidarité monte
Sans doute bien tardive, bien sûr trop timide encore, mais bien réelle : des rassemblements se sont tenus dans 19 villes en France mardi 20 février, 500 personnes à Paris, 300 à Bordeaux. Des rassemblements mensuels se tiennent comme à Metz. Cette solidarité doit encore s’affirmer. Elle sera un élément déterminant. L’enjeu est d’importance : le droit à l’information comme une des pièces centrales de la démocratie. La solidarité a aussi un enjeu immédiat, c’est la vie de celui qui a créé la plateforme Wikileaks en 2006 et qui nous a ainsi permis d’accéder à des infos très reprises, pleinement confirmées et de première importance. Il faut empêcher son extradition. Il faut arracher Julian Assange de la prison et des griffes de la CIA.
Julian Assange n’est pas un espion
Né en 1971, il est un journaliste pleinement de son temps. Il a grandi avec l’informatique et avec ses compagnons altermondialistes, il a expérimenté les possibilités nouvelles offertes par la révolution numérique. La présentation de Julian Assange en espion russe est au moins aussi crédible que celle que certains médias nous ont servie à propos des Gilets jaunes qui seraient des agents de Poutine ! Le partage et la fuite massive de métadonnées rendue possible par Wikileaks est au centre des débats. Edwy Plenel, dans un « parti pris » de 2020 posait très justement la question centrale de toute l’affaire : « le secret des pouvoirs doit-il l’emporter sur le droit de savoir ? »
Le droit de savoir
L’activité de J. Assange a été déterminante pour la révélation mondiale de la réalité de la guerre en Irak, en Afghanistan, la mise sous les projecteurs de la torture à Guantanamo, la révélation documentée de disparitions et de crimes d’État. Grâce à Wikileaks, les médias du monde entier ont pu écrire de manière irréfutable sur des corruptions et des fraudes fiscales massives, sur des mensonges d’État, sur des atteintes aux libertés fondamentales. Toute son activité, non seulement n’a aucun caractère criminel mais elle est totalement légitime et indispensable dans une perspective d’émancipation.
Pour le journalisme, pour le pluralisme
La défense déterminée de J. Assange ne vaut pas approbation de la ligne éditoriale de Wikileaks : notre combat contre le néolibéralisme autoritaire, contre le néofascisme implique le pluralisme. À l’heure du néolibéralisme autoritaire, de la menace néofasciste, nous avons besoin de débats informés pour construire l’alternative écosocialiste. Parce que son extradition serait une terrible régression, nous disons : « Pleine solidarité à Julien Assange ! »
Fernand Beckrich