La constitution de la liste de La France insoumise pour les prochaines élections européennes devait être un exemple de démocratie en choisissant une méthode « totalement innovante » avec la mise en place d’un comité électoral, un appel à candidatures sur internet… Mais depuis des mois, rien ne va plus.
Depuis juin dernier, la constitution de la liste européenne ne cesse d’entraîner des départs. Dans un premier temps, ce sont ceux et celles qui n’avait pas obtenu de position éligible qui ont claqué la porte avec fracas, comme ce fut le cas de Liem Hoang-Ngoc ou Corinne Morel-Darleux qui, après quelques mois de réflexion, a annoncé le 25 octobre dernier, sur son compte Facebook, son départ de La France insoumise. Ce fut ensuite le tour de Sarah Soilihi, oratrice nationale de la FI, qui a quitté la FI pour rejoindre Génération.s. de Hamon. Puis, cerise sur le gâteau, le 15 novembre sur Facebook, Charlotte Girard, pressentie pour être la tête de liste aux européennes annonce pour « raisons familiales et professionnelles » refuser de conduire la liste. Et pour finir, le 27 novembre, le fameux comité électoral de La France insoumise a annoncé l’« exclusion » de la liste de deux anciens proches de Mélenchon : François Cocq et Djordje Kuzmanovic, qui fut son conseiller sur les questions internationales à la présidentielle et qui, le lendemain de son éviction, a annoncé son départ de la FI, dans une tribune dans Marianne, pour des raisons politiques de fond mais aussi pour des raisons d’organisation.
Une bataille d’égos ?
Face à cette situation interne et à ces départs bruyants, la garde rapprochée de Mélenchon répète à tue-tête que ce ne sont que des « décisions personnelles ». Selon Éric Coquerel, interrogé par Mediapart, « le seul point commun entre tous ces gens, c’est qu’ils n’étaient pas satisfaits de la place où ils étaient sur la liste ». Même argument côté Mélenchon, lorsqu’il écrit sur son blog le 29 novembre : « C’est d’ailleurs la caractéristique commune de ces cinq personnes : un ego boursouflé. Il leur rend insupportable de ne pas être dans les cinq ou les dix premiers de la liste européenne au mépris le plus total de ceux et celles qui ont été choisis à leur place pour être à ces positions ». Et puis c’est tout !
En fait, pas vraiment. Car même si une grande partie de ces militantEs se voyaient, il est vrai, en haut de l’affiche, beaucoup partent aussi à cause d’un fonctionnement assez peu démocratique et d’une orientation politique qui vacille.
Des problèmes démocratiques et d’orientation
Quand nous lisons les post Facebook ou les tribunes des unEs et des autres, on s’aperçoit en effet très vite que ces départs sont aussi dus à des problèmes de démocratie interne, et pour certainEs à des problèmes d’orientation entre « populisme de gauche » et « gauche rassemblée ». C’est sans doute Corinne Morel-Darleux qui est la plus explicite le 25 octobre dernier quand elle écrit sur Facebook : « Il me semble que la stratégie et les moyens mis en œuvre par la FI aujourd’hui au mieux passent à côté des enjeux, au pire desservent les fins. » Et d’ajouter : « La critique interne, même bienveillante, est vécue comme une attaque, le pas de côté comme une trahison. » Quant à Charlotte Girard, à qui on ne peut reprocher de s’éloigner pour cause « d’égo boursouflé », elle indique refuser de conduire la liste pour des « raisons d’organisation ». Elle n’a sans doute pas apprécié le retour annoncé de Sophia Chikirou pour les européennes, et l’on a remarqué sa discrétion lors de l’épisode des perquisitions…
La liste définitive des européennes doit être présentée lors de la convention FI qui se tiendra à Bordeaux les 8 et 9 décembre. À quelques jours de cette échéance rien n’est réglé. À suivre.
Joséphine Simplon