Publié le Mercredi 4 septembre 2024 à 15h00.

Quel avenir pour le NFP ?

Après la victoire aux législatives, le NFP avec une majorité relative, se retrouve pris en étau : répondre aux exigences populaires de son électorat ou gouverner sans appliquer tout le programme.

D’après le Monde du 19 août, la gauche se serait déchirée après l’annonce par LFI du lancement d’une procédure de destitution d’Emmanuel Macron. Rien de moins ! Certes, les partenaires de LFI, le PS, EÉLV et le PC, n’ont guère goûté cette saillie estivale et ne s’y sont pas ralliés. Reste que, pour l’essentiel, la gauche — ou du moins le NFP (Nouveau Front populaire) car il faut exclure de l’équation la droite du PS qui ne se s’est jamais retrouvée dans le programme du NFP — reste sans perspective tant qu’elle reste dans la logique institutionnelle, aujourd’hui parfaitement bloquée par le président lui-même. 

Les mises en scène de Macron

Macron n’en finit pas de trouver une solution à sa dissolution au mépris des institutions et en se déjugeant lui-même. Il ne se presse pas d’offrir une porte de sortie au NFP qui a réussi la campagne des législatives… en vain, dirait-on. La droite, au cours des consultations de fin août, a diabolisé LFI pour justifier son opposition à un gouvernement NFP, obligeant LFI à déclarer que ses éluEs n’en serait pas ! 

Depuis le 27 août, le suspens insoutenable est levé : Lucie Castets ne sera donc pas la Première ministre. Quelle surprise ! Pourtant, les éditorialistes, comme Françoise Fressoz dans le Monde, feignent d’attribuer cette non-nomination à la lenteur du processus de désignation d’un Premier ministrable NFP en juillet, quand le président n’en a de toute façon jamais voulu. Après le mépris des institutions et du vote, l’insulte à notre intelligence !

Appliquer tout le programme

Le NFP, uni dans la lutte contre l’extrême droite, est partagé quant à la tactique à adopter pour faire passer son programme, en entier ou en partie… Et c’est bien là que le bât blesse ! Car, on le sait, les programmes ne sont jamais appliqués en totalité, mais y renoncer avant même la formation d’un gouvernement parce qu’il n’y a pas de majorité dans le pays, c’est ne rien changer… alors même que les électeurEs ont désavoué Macron et sa ­politique antisociale !

Les forces qui composent le NFP le savent : décevoir maintenant, c’est entrer dans une logique perdante dans les prochaines années. Une menace qui fait tenir l’unité malgré les divergences tactiques des unEs et des autres, malgré les calculs électoraux. 

Unitaires et révolutionnaires

Cette unité est essentielle, et pour nous qui avons soutenu et soutenons le NFP, il n’est possible de sortir de l’impasse démocratique qu’en se donnant les moyens de mobiliser le monde du travail, via les syndicats qui sont partie prenante, la jeunesse et toutes celles et ceux qui ont stoppé l’extrême droite dans les urnes. Cela passe par des réunions de quartier qui doivent continuer, se relancer ou se lancer.

Les jeux institutionnels ne profiteront qu’à ceux qui en tirent les ficelles pour mieux ne rien changer ! La destitution elle-même, envisagée par LFI, apparaît comme une bataille parlementaire perdue d’avance qui ne saurait avoir d’efficacité. Les organisations syndicales étudiantes et lycéennes ont appelé à une manifestation le 7 septembre. C’est évidemment le moment de se (re)mobiliser, de discuter pour préparer encore et toujours la suite. Ne rien lâcher ! 

Clémentine Berthe