Des délégations du NPA et de Lutte ouvrière se sont de nouveau rencontrées jeudi 20 septembre. Une rencontre dans laquelle les camarades de LO ne semblent pas prendre la mesure de l’enjeu, pour les révolutionnaires, de cette élection.
Pour commencer, les camarades nous ont attaqués sur notre article dans le journal (l’Anticapitaliste n°441), affirmant que nos propos ne reflétaient pas leur intervention à l’université d’été et disant que nous n’avions aucun désaccord sur la question des migrantEs. Ils ont ainsi réaffirmé la défense des migrantEs, les revendications de liberté de circulation et d’installation.
Ils ont indiqué que le désaccord essentiel était la formule de « rupture » avec l’Union européenne, qu’ils refusent, encore plus que lors des campagnes communes de 1999 et 2004. Leur argument fort est que « à l’époque, il fallait combattre le préjugé selon lequel l’UE était progressiste alors que maintenant il faut se battre contre les préjugés réactionnaires ». Nous entendons cet argument, puisque contrairement à ce qui nous a été dit, nous ne cédons pas au « nationalisme de Mélenchon », en revendiquant une rupture internationaliste avec les traités de l’UE. Mais en revanche, nous pensons qu’il faut montrer notre stricte démarcation vis-à-vis des traités et institutions de l'UE, et de la bourgeoisie française qui, elle, veut une Europe forte pour attaquer le monde du travail en France et défendre les intérêts de la France dans le monde.
Des convergences…
De ce point de vue, nous avons souligné le fait que LO est d’accord pour dénoncer l’UE comme machine de guerre de l’impérialisme, en particulier de l’impérialisme français.
Les camarades sont d’accord que parler d’écologie permet de dénoncer la crise du capitalisme. Ils estiment que la question des migrantEs ne doit pas être au centre de la campagne mais leur position est bien difficile à tenir, étant donné la physionomie de la campagne telle qu’elle se déroule en réalité.
Nous avons constaté un accord sur les revendications classiques mais fondamentales sur la réquisition des banques, les licenciements, les salaires, etc. Un accord également sur la nécessité de combattre le gouvernement et de construire les mobilisations contre lui, même si on a pu ressentir une réticence de LO sur ce point, sans doute parce que les camarades ont peur de voir revenir nos propositions d’unité d’action, ou que cela ne leur paraît pas assez radical de s’opposer à Macron.
… que LO balaie
Au cours de la discussion, les camarades ont été clairs : « On constate qu’on n’arrive pas à se mettre d’accord ». Les camarades ont également refusé de poursuivre la discussion par écrit et n’ont pas formulé autre chose que des critiques de nos positions, sans formuler de propositions qui pourraient constituer un compromis dynamique.
Une drôle de façon de faire, qui pourrait donner l’impression que la direction de LO ne veut pas d’accord.
C’est bien dommage car il y a un enjeu très fort dans cette élection. À gauche comme à droite, il existe des orientations favorables à l’Europe capitaliste (LR, LREM, mais aussi le PS, Génération·s et EÉLV), ou des orientations nationalistes. La question est de savoir s’il est possible de construire une alternative audible, qui soit à la fois internationaliste et opposée à la construction libérale de l’Europe, pour une Europe des travailleurEs et des peuples. Nous savons qu’il sera beaucoup plus difficile de faire exister cette alternative séparément qu’ensemble.
Nous nous reverrons le 16 octobre, et LO prendra sa décision au plus tard à son congrès début décembre. De notre côté, la discussion continuera à notre CPN qui se réunira les 6 et 7 octobre.
Antoine Larrache et Christian Babel