L’arrivée de Macron au pouvoir en 2017 a dynamité le champ politique « traditionnel ». Les dernières élections européennes ont confirmé ce bouleversement. Et depuis, les grandes manœuvres pour une recomposition politique à droite comme à gauche ont commencé, avec en point de mire les municipales de 2020.
Les dernières élections européennes, première élection à caractère national depuis l’arrivée de Macron au pouvoir, ont confirmé, sans grande surprise, la crise politique et l’effondrement des partis traditionnels, mais aussi la réussite de Macron et des siens à construire une polarisation LREM-RN. L’effondrement des Républicains et du Parti socialiste, ainsi que l’émiettement de la gauche radicale ouvrent la voie aux grandes manœuvres.
L’extrême droite à l’offensive
Les Républicains (LR) traversent une crise sans précédent. Cette crise ouvre des perspectives au Rassemblement national qui veut continuer, après entre autres Mariani, de ramener dans ses filets des élus républicains. C’est ainsi que Marine Le Pen a lancé, le 16 juin, un appel clair « à tous ceux qui, chez LR, n’ont pas envie d’être embrigadés dans l’armée d’Emmanuel Macron. […] Nous sommes prêts à discuter avec eux, à mettre en œuvre des plates-formes d’action communes ». Et depuis, les opérations s’accélèrent. C’est Mariani qui est chargé de jouer les passerelles avec son ancien parti. C’est ainsi qu’il a annoncé relancer en septembre la « Droite populaire » et, par la même occasion, le débat sur les alliances LR-RN pour les municipales de 2020. Sans oublier le dîner entre Marion Maréchal et une quinzaine d’élus républicains, qui affaiblit une nouvelle fois LR. Est-ce que cette offensive sera « gagnante » pour le RN ? Les mois qui viennent le diront. Même si depuis Sarkozy et encore plus depuis Wauquiez, il n’y a pas une feuille de papier à cigarette entre ce que disent, sur de nombreux sujets, LR et RN.
LREM continue le dépeçage
Les élections municipales de 2020 sont importantes pour LREM, en particulier pour renforcer son implantation locale car à l’heure actuelle, le mouvement de Macron ne compte que 2000 élus locaux. La stratégie du parti présidentiel pour ces futures élections est le « cas par cas ». C’est ainsi qu’il soutiendra des candidatEs de LREM tout comme des sortants de droite ou de gauche. À cette heure, Laurent Degallaix (UDI) à Valenciennes, Emmanuel Darcissac (ex-PS) à Alençon (Orne) et Olivier Klein (PS) à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) ont reçu l’investiture macroniste. Les investitures actuelles ne sont pas sans poser de problèmes, en particulier au PS. Même si, à cette étape, LREM n’a pas encore finalisé ses investitures, en particulier dans les grandes villes, le parti macroniste continue sa stratégie de construction d’une polarisation avec le RN.
La gauche en ébullition
Depuis les élections européennes, la « gauche » est aussi en ébullition et, là aussi, les grandes manœuvres ont commencé. Et c’est sans aucun doute dans la « gauche radicale » que cela se bouscule le plus avec le lancement du « big bang » de Clémentine Autain et Elsa Faucillon, qui se fixe notamment pour objectif de redonner « du sens » à la gauche et d’essayer de s’unir pour les prochaines municipales pour qu’il y ait « moins d’éparpillement ».
Pour notre part, sans nier les désaccords qui existent, par la discussion et la confrontation des points de vue, nous voulons avant tout contribuer, sans arrière-pensée électorale, à l’unité de notre camp social dans l’action. Pour se mobiliser sur toutes les questions permettant de défendre les intérêts du monde du travail au sens large, que ce soit contre les licenciements, contre la répression des mouvements sociaux ou dans les quartiers populaires, contre telle ou telle loi gouvernementale ou attaque patronale, pour la justice sociale et climatique, contre l’extrême droite. Bref, loin d’une focalisation sur les urnes.
Joséphine Simplon