On avait déjà connu l’acteur Reagan en Président des État-Unis, nous voici maintenant avec le président de la République française en acteur de théâtre et de cinéma.
Le 1er mars, l’Élysée accueillait une nouvelle fois, depuis l’arrivée au Palais d’Emmanuel Macron une soirée un peu particulière, « Les jeudis de l’Élysée », au cours desquels « avec Brigitte, nous voulons que vous ayez accès à ce qu’il y a de mieux dans la culture », organisés pour les personnels du siège de la présidence française, des familles et de manière générale un public varié et peu habitué à ce décor, qui se presse dans la salle des fêtes pour assister à des spectacles culturels. Macron présenta le spectacle avant de déclamer le texte de Pierre et le loup, soutenu par l’orchestre de la Garde républicaine.
Le mercredi 16 mai, le festival de Cannes projetait, en séance spéciale hors compétition, la Traversée, un road-movie dans lequel Romain Goupil et Cohn-Bendit partent à la rencontre des Français, cinquante ans après Mai 1968, et où le président de la République joue son propre rôle. Selon le Monde, « il a tourné dans ce film par amitié pour Cohn-Bendit » et déclare devant la caméra : « Vous me direz ce que vous avez vu du pays, surtout. Est-ce qu’il a changé depuis 1968 ». Des avis d’expert pour ces compères spécialistes du retournement de veste.
Ainsi, Macron poursuit sans honte ni gêne sa tournée des planches et studios. Après son interview-cirage de pompes par Pernaut, le combat avec Plenel et Bourdin, le Président-acteur n’en finit plus de déployer une mégalomanie moderniste faite de condescendance et de mépris. Les sondages confirment jour après jour qu’il apparaît de plus en plus ouvertement que pour ce qu’il est, c’est-à-dire « le Président des riches ». Face à des mobilisations qu’il fait largement mine d’ignorer, l’acteur-Président pourrait bien ne pas toujours s’en sortir par une tirade haineuse ou démagogique. La semaine dernière, il nous délivrait une nouvelle macronerie en opposant les « valeurs » pour lesquelles « le colonel Beltrame est mort » et celles que défendent « les gens qui pensent que (…) le summum de la lutte, c’est les 50 euros d’APL. » Voilà qui mérite bien la Palme d’or de l’arrogance.
Robert Pelletier