Publié le Samedi 11 octobre 2025 à 18h00.

Extrait de Trotsky, L’État ouvrier, Thermidor et le Bonapartisme

Les brandlériens, y compris les chefs du S.A.P. qui restent encore aujourd’hui quant à la théorie les élèves de Thalheimer, ne virent dans la politique de l’Internationale Communiste que de « l’ultra-gauchisme » et nièrent (ils continuent à le nier) la notion même de centrisme bureaucratique. La « quatrième période » actuelle, alors que Staline, par le crochet de l’Internationale communiste, tire le mouvement ouvrier européen à droite du réformisme officiel, montre combien superficielle et opportuniste est la philosophie politique de Thalheimer-Walcher et consorts. Ces gens-là ne savent approfondir aucune question jusqu’au bout. C’est précisément pourquoi ils ont une telle répulsion pour le principe de dire ce qui est, c’est-à-dire pour le principe suprême de toute analyse scientifique et de toute politique révolutionnaire. [...] Plus la bureaucratie deviendra indépendante, plus le pouvoir se concentrera dans les mains d’un seul individu, plus le centrisme bureaucratique se changera en bonapartisme. La notion de bonapartisme, trop vaste, exige des concrétisations. Par son essence même le bonapartisme ne peut se maintenir longtemps : une bille posée au sommet d’une pyramide doit infailliblement tomber d’un côté ou de l’autre. Mais c’est précisément ici, comme nous l’avons déjà vu, que l’analogie historique ne franchit pas ses limites. L’effondrement inévitable du bonapartisme staliniste met maintenant même un point d’interrogation sur le maintien du caractère d’État ouvrier de l’U.R.S.S. L’économie socialiste ne peut s’édifier sans pouvoir socialiste. Le sort de l’U.R.S.S., en tant qu’État socialiste, dépend du régime politique, qui viendra remplacer le bonapartisme staliniste. Seule l’avant-garde du prolétariat, si elle réussit à rassembler de nouveau autour d’elle les travailleurs de la ville et des champs, peut régénérer le système soviétique.