C’est par ces mots criés ou écrits sur des pancartes que des foules accueillent Luigi Mangione à son arrivée à la cour de justice. Le jeune homme est accusé d’avoir assassiné Brian Thompson, le PDG de UnitedHealthcare (le premier assureur de santé des États-Unis), « de sang-froid » dans les rues de New York. Ce meurtre et le jeune homme qui l’incarne sont déjà un symbole. Celui de la résistance et de la révolte face à un système corrompu, injuste et criminel contre les classes populaires. À l’annonce de la mort du PDG, des milliers d’AméricainEs se sont d’ailleurs empresséEs de décrire sur les réseaux sociaux la manière dont le système de santé et ces assurances étaient, elles, responsables de la mort de leurs proches.
Le système de santé américain tout entier est en lui-même un symbole de la violence mortelle du capitalisme, prêt à négocier nos vies et nos morts pour ses profits. Le système le plus coûteux et le plus inefficace au monde.
En retour, l’administration Trump a décidé de faire de Luigi Mangione un symbole ! « Ce meurtre était un acte de violence politique », a déclaré Pam Bondi, la procureure générale. Elle demande la peine de mort à l’échelle fédérale pour lui. Une première pour ce gouvernement, qui a décidé de faire de sa présidence un exemple de brutalité et d’intransigeance envers un certain type de criminels. Un certain type d’intransigeance… car cette fermeté ne s’applique pas aux puissants ou aux amis du pouvoir (à l’image de la grâce présidentielle accordée par Trump aux insurgés du Capitole).
Luigi incarne la seule violence que l’État condamne et combat : celle de ceux qui se révoltent contre la violence institutionnelle, « celle qui légalise et perpétue les dominations, celle qui lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés », selon Helder Camara. Luigi est l’emblème de ceux qui subissent la violence répressive que le système réservent à celles et ceux qui ne s’y conforment pas.
Toutefois, un symbole ne suffit pas. C’est un mouvement de l’ensemble de la société qui pourra détruire ce système de santé responsable chaque année de la mort de dizaines de milliers de personnes faute d’accès aux soins, et de centaines de milliers de faillites personnelles dues au coût de ces soins. Mais parfois, un symbole peut incarner et catalyser une aspiration et une révolte légitime et collective contre tout un système.
À l’heure où des mobilisations s’organisent partout aux États-Unis contre Trump et sa politique raciste et antisociale, ce gouvernement craint qu’un symbole de révolte puisse mettre le feu aux poudres. Trump devrait pourtant savoir que la peine de mort ne suffira pas à tuer un symbole. Free Luigi !