Le second tour des législatives a confirmé pour le Front de Gauche ce que laissait supposer le premier. Des résultats insuffisants pour marquer un saut qualitatif, et même un recul du nombre de députés élus.De l’aveu même de Pierre Laurent, le score du Front de Gauche aux législatives n'est « pas un bon résultat ». Avec dix élus (neuf issus du PCF et un du PG), le groupe perd neuf députés par rapport à 2007 qui comptait seize élus communistes et apparentés et trois élus du PG. De mauvais résultats qui ne permettent pas au Front de Gauche à l’heure actuelle de constituer un groupe parlementaire. L’objectif est donc de se rapprocher dans un premier temps d’élus d’outre-mer divers gauche, et s’ils n’y parviennent pas, de demander l’abaissement du seuil de quinze à dix députés.
Selon les principaux dirigeants du Front de Gauche, les explications de ces résultats sont multiples. Tout d’abord, selon Pierre Laurent, le mode de scrutin et l’inversion du calendrier électoral favorisant les deux principaux partis, mais aussi pour Jean-Luc Mélenchon le choix de leur stratégie d’autonomie par rapport au PS. Stratégie qui sera sans aucun doute rediscutée dans les mois qui viennent dans le Front de Gauche, notamment à la lumière des résultats d’Europe Écologie-Les Verts qui a fait fructifier son accord électoral avec le PS.
Au-delà du résultat, les militantEs du Front de Gauche comptent faire entendre leur voix, en étant « les porte-parole des attentes du mouvement social, sans concession, ni naïveté, ni impatience ». À la fin de cette séquence électorale, la première question posée au Front de Gauche semble d’ores et déjà résolue : après la consultation des militantEs du PCF, ils n’entreront pas au gouvernement puisque ce dernier ne veut entendre parler que du programme du Parti socialiste. Mais dans le même temps les principaux dirigeants du PCF veulent que « réussisse le changement de gauche ». Seront-ils donc dans l’opposition ? C’est là que les divergences se font entendre. Du côté du PG, on semble plutôt pencher pour un « ni-ni » très flou : ni dans la majorité ni dans l’opposition. Par contre, au sein du Parti communiste, on est beaucoup plus clair, en particulier Marie-George Buffet affirmant dès le lendemain du second tour dans les colonnes de l’Humanité : « Nous ne sommes pas dans l'opposition mais dans la majorité de gauche de façon constructive, pour réussir. »
Autrement dit, soutenir sans participer, une position déjà tenue par le PCF dans le passé. Position difficilement compréhensible pour le plus grand nombre et en tout cas bien insuffisante pour pouvoir résister aux politiques d’austérité à la sauce PS dès que les choses sérieuses vont vraiment commencer. Avec le gouvernement au sein de la majorité ou avec son opposition à gauche, il va vite falloir choisir.
Sandra Demarcq