Cette année, l’initiative du PG « Remue-méninges à gauche » était co-organisée par les forces du Front de Gauche. Les organisateurs annoncent 2 000 participants. Le NPA était invité et présent.
La cinquantaine d’ateliers et tables rondes, les interventions des nombreux invitéEs ont permis d’échanger sur une grande diversité de thèmes. Sur beaucoup de questions, les analyses sont communes et l’indignation partagée, mais ce qui frappe c’est la nature très institutionnelle des réponses qui sont apportées et la faible place donnée à la construction des mobilisations.
Cette appréciation est loin d’être démentie par l’intervention de Jean-Luc Mélenchon qui clôturait ces journées. Au-delà de la gestuelle et des accents gaulliens de l’orateur, des drapeaux bleu-blanc-rouge agités dans la salle, de la Marseillaise, autant de choix dans la mise en scène qui sont eux-mêmes un concentré de politique, c’est le contenu qui fait profondément divergence.
La dénonciation est vigoureuse mais dès les premières minutes le ton est donné, les participants sont invités à défendre les réponses du Front de Gauche avec des bulletins de vote car c’est selon Mélenchon « la forme que nous préférons ». Il réaffirme par deux fois la campagne électorale comme le début ou un moment de la « révolution citoyenne ». Et logiquement, les réponses sont à la mesure de l’outil choisi. Pas un mot sur l’augmentation des salaires, la justice sociale est confiée à la seule politique fiscale en « taxant les revenus du capital à égalité avec ceux du travail ». Pas un mot ni sur l’interdiction des licenciements ni sur la réduction du temps de travail, la lutte pour le droit à l’emploi se limite à de nécessaires mais très insuffisantes mesures contre la précarité. La défense de la planification écologique tout comme la dénonciation des engagements écologiques non tenus tapent juste, mais concernant l’épineuse question du nucléaire, elle se limite au référendum comme compromis, permettant de ne pas fâcher les alliés communistes souvent pronucléaires. Mélenchon se revendique petit-fils d’immigrés et dénonce l’acharnement législatif contre l’immigration, mais n’a pas un mot pour exiger l’égalité intégrale des droits ou la régularisation des sans-papiers.
La dette publique est présentée comme un prétexte mais loin d’en tirer la conclusion qu’il est légitime de refuser de la payer, le candidat du Front de Gauche demande à la BCE « d’éteindre l’incendie » et propose de recourir à l’épargne française pour s’affranchir du chantage des préteurs étrangers. Plus généralement, les accents nationalistes émaillent l’ensemble du discours : « Nous ne permettrons jamais qu’on parle en maître à la France », « Nous ne sommes pas la cinquième roue du carrosse, nous sommes la cinquième puissance » et logiquement il en appelle à « la résistance de (sa) patrie républicaine ». Enfin si la question de la mobilisation est évoquée, c’est pour exhorter à répondre à l’appel des organisations syndicales pour la journée d’action de la rentrée (fixée depuis au 11 octobre), un point c’est tout !
Christine Poupin