Nous sommes élues, Monica Casanova à Lormont et Christine Héraud à Cenon, depuis 2001, d’abord LCR, puis NPA. Nos communes de la banlieue populaire de Bordeaux, parmi les plus pauvres du pays, sont dirigées par des majorités PS-PC-EÉLV élargie à LREM à Lormont depuis les dernières élections.
Nous voyons au fil des années la dégradation des quartiers populaires malgré les plans d’envergure de rénovation urbaine, et l’accroissement de la misère, de l’exclusion, aggravée aujourd’hui par la pandémie. Le chômage, et en particulier celui des jeunes, bien au-delà de la moyenne nationale et qui dépasse les 50 % dans certains quartiers, est en constante augmentation. Les budgets municipaux, qui ne tiennent que par les dotations de solidarité urbaine de l’État, sont loin de pouvoir répondre aux besoins de la population. Nous votons contre ces budgets pour cette raison et parce que nous défendons la démocratie directe de la population, son droit à décider de tout ce qui la concerne. Nous sommes ses porte-parole, la voix de ses luttes au sein de conseils municipaux anti-démocratiques, qui se protègent des drames sociaux dans la routine aveugle des institutions.
Avec celles et ceux qui luttent
Les réponses de nos communes sont les mêmes que celles de l’État face à toutes sortes de violences qui explosent dans les quartiers : toujours plus de police, de contrôles brutaux au faciès, alors que les services publics de proximité disparaissent, les structures sociales et culturelles manquent de moyens. Nous défendons des politiques de prévention, d’aide et de soutien à la jeunesse, qui supposent l’embauche de personnels éducatifs et sociaux, et nous votons contre le développement de la vidéo-surveillance, inutile, coûteuse, témoin de la défiance et du racisme contre la jeunesse.
À Cenon, nous sommes partie prenante de la lutte de la « zone libre », un squat autogéré de 80 familles pour la plupart sans-papiers, installées depuis deux ans, et dont la mobilisation, avec les associations de sans-papiers, a empêché l’expulsion du site et arraché un délai à la préfecture pour des solutions pérennes de relogement et de vie, et une aide de la municipalité pour l’évacuation maintenant régulière des ordures et encombrants. Nous y défendons ensemble la libre circulation et la régularisation de touTEs.
Nous sommes au côté des enseignantEs et de leurs luttes, dernièrement contre la réforme du bac et les E3C. Nous avons activement participé à la mobilisation contre la répression qui a suivi, trois enseignantEs d’un lycée voisin étant sanctionnés pour avoir fait grève et s’être opposés aux E3C, et six d’autres établissements continuant à faire l’objet de menaces de la rectrice. Cette lutte nécessitant les plus larges soutiens, nous avons défendu une motion pour le retrait des sanctions dans nos conseils municipaux.
Rapacité des intérêts privés
Nous bousculons le confort et les routines des élus en portant des motions au sein du conseil municipal, pour dénoncer la rapacité des intérêts privés comme par exemple pour l’installation de la 5G, en défendant des services publics sous le contrôle de la population.
Nous nous opposons à la précarisation du travail au sein de la commune, en votant contre le recours systématique à des contrats qui, s’ils débouchent parfois sur des embauches, laissent les nouveaux et nouvelles embauchéEs plusieurs années dans l’incertitude, dans des situations précaires, souvent à temps partiel, avec un revenu qui ne permet pas de vivre.
Nos majorités municipales invoquent à juste titre leur manque de moyens et le désengagement de l’État, la réduction des dotations, les charges de plus en plus importantes des communes et notamment pour faire face à la pandémie, sans compensations financières. Nous y répondons en passant par-dessus leur tête, en nous adressant aux salariéEs, à la population, aux jeunes des quartiers, pour défendre la seule issue, notre organisation et nos luttes pour prendre en main nous-mêmes les affaires, celles de la commune comme celle de l’ensemble de la société.