Pas facile d’être de gauche par les temps qui courent.
On le voit avec un PS qui tente de faire oublier ses trahisons et ses politiques antisociales, d’un passé même récent, avec son référendum pour une taxe sur les « superprofits », comme s’il ne s’agissait pas de tout reprendre aux profiteurs exploiteurs. Et comme si le meilleur référendum n’était pas notre nombre dans la rue et les grèves.
Et puis on le voit avec Roussel, porte-parole en chef du PC, qui multiplie les déclarations surprenantes et provocantes, sur la police ou les migrantEs qui ont vocation à partir s’ils n’obtiennent pas l’asile… Dernière en date, sa sortie qui fait beaucoup réagir au sein de la Nupes et au-delà, sur la « France du travail », euh non, sur la « gauche du travail » en opposition à la « gauche des allocs ». Cela sonne bien réac, bien dans le sens du vent des préjugés et du mépris social des dominants. La drôle d’idée serait de vouloir se réapproprier la notion de « travail » en la positivant, oubliant qu’à la base il s’agit, dans un monde capitaliste, d’oppression et de souffrance.
S’il faut choisir, nous sommes clairement de la gauche des « allocs » et des précaires, parce que c’est celle de la lutte contre la brutalité capitaliste, celle de la protection sociale, de la redistribution des richesses et du partage du travail, de la retraite à 55 ans et du revenu à vie, de la remise en cause du pouvoir patronal et de la propriété des capitalistes, celle de l’émancipation des rapports d’exploitation.
Ces polémiques sont en réalité bien utiles car elles mettent en évidence des désaccords politiques de fond. Ça aide à discuter ainsi plus précisément de la gauche qu’il nous faudrait reconstruire, des « outils » militants dont nous avons besoin, de la nécessaire auto-organisation de notre camp social.
Pour le coup, Faure ou Roussel, mais pas seulement, nous rappellent par leurs positions toute l’urgence qu’il y a de se débarrasser des vieilles recettes de cette gauche si bien intégrée dans les institutions et l’ambiance ultralibérale.
Nos débats actuels peuvent aider à rendre plus concret le projet d’une gauche radicale, antiproductiviste, anticapitaliste, qui remet en cause la propriété, le pouvoir patronal, avec un programme reposant sur l’autogestion, la socialisation de l’économie, sur le contrôle des salariéEs… Une « gauche » de combat qui se construit forcément dans la confrontation de classe, avec les luttes et les manifestations, notre seule réelle force collective pour renverser ce monde d’oppression.