Une semaine après le scandale des violences policières au Stade de France, c’est un crime policier qui a eu lieu dans le 18e arrondissement de Paris avec la mort de la passagère d’une voiture prise pour cible par des flics. Il est temps d’en finir avec les violences et l’impunité de la police.
Le scandale des violences policières au Stade de France samedi 28 mai lors de la finale de la Ligue des Champions, devant 400 millions de téléspectateurEs, a eu un retentissement international, et beaucoup ont découvert le visage le plus brutal du régime macronien. Depuis lors, les témoignages, reportages et enquêtes se sont succédé, qui démontrent que, contrairement à ce que les mensonges de Darmanin et Lallement ont tenté de faire croire, ce sont bien les autorités qui sont responsables de ces violences, énième démonstration de la propension de la Macronie à recourir systématiquement à la répression pour gérer toute forme de perturbation de « l’ordre ».
Cité par Mediapart1, un « haut gradé de la gendarmerie », a priori peu soupçonnable de sympathies bolcheviques, a ainsi déploré « les accusations absurdes portées contre 30 000 à 40 000 supporters. Ces déclarations marquent la double faillite d'un ministère qui non seulement ne sait pas gérer un événement sportif de cette ampleur mais suit les déclarations d’un préfet dangereux et incontrôlé ». Et d’ajouter : « Dans d’autres pays, cela aurait valu la démission du ministre et du préfet. Mais en France, aux violences policières, se rajoutent les mensonges pour les couvrir sans que cela ne pose problème. » Difficile d’être plus clair.
Une balle en pleine tête
Une semaine plus tard, un cran était franchi avec une nouvelle démonstration de la facilité avec laquelle les policiers se sentent autorisés à recourir à la violence, avec cette fois-ci l’usage d'armes à feu contre les passagerEs d’une voiture dans la 18e arrondissement de Paris. Neuf balles tirées, le conducteur blessé et une passagère tuée d’une balle en pleine tête. Le tout suite à un « refus d’obtempérer ». Entretemps, des images avaient circulé sur les réseaux sociaux d’un incident à Gare de l’Est, avec des policiers utilisant des gaz lacrymogènes contre des voyageurEs tenant de monter dans des bus de substitution suite à une panne provoquée par les orages. Un usage de la force aux conséquences moins tragiques que dans le 18e arrondissement, mais symptomatique lui aussi de la facilité avec laquelle les flics peuvent frapper, gazer, et parfois pire.
Nous l’avons dit et répété durant la campagne présidentielle, et cela nous a même valu une plainte de Darmanin : oui, la police tue. Pour l’avoir dit à son tour après la mort de la passagère du véhicule ciblé dans le 18e, Jean-Luc Mélenchon s’est retrouvé lui aussi au centre d’une campagne menée par les syndicats de flics, le gouvernement, LR et l’extrême droite. Tout ceci confirme que nous vivons bien dans cette étrange époque où, lorsque des flics tuent, c’est à ceux qui le disent que l’on se prend, et non à ceux qui sont responsables de ces morts tragiques, quel que soit le niveau où ils se situent dans la chaîne de commandement.
Oui, il faut les désarmer
Il ne fait en effet aucun doute que la multiplication de ces actes de violence, et leur banalisation, pour ne pas dire leur légitimation par nombre de responsables politiques et de commentateurs médiatiques, est un signe des temps. Le néolibéralisme autoritaire a un besoin essentiel des forces de police pour réprimer la contestation sociale, et les gouvernements successifs, en particulier celui de Macron et de ses amis, ont conféré une telle liberté d’action aux flics, doublée d’une impunité absolue, que les composantes les plus réactionnaires de la police se sentent autorisées à faire absolument ce qu’elles veulent. Au cours des derniers années, la situation honteuse qui prévalait dans les quartiers populaires, que nous dénoncions au côté des collectifs de victimes, s’est étendue, avec une généralisation de l’ordre policier, couvert par l’exécutif.
Certains parlent aujourd’hui de « présomption de légitime défense » et voudraient encore un peu plus étendre les dangereuses capacités de nuisance de la police. Face à ce cours autoritaire qui se poursuit et qui, on le sait, nourrit toujours un peu plus l’extrême droite et les secteurs les plus fascisants de la police, il ne faut rien lâcher. L’heure est non seulement à l’exigence de la justice et de la vérité pour toutes les victimes de violences policières, où que ces violences aient eu lieu et quels que soient les prétextes avancés par les flics, mais aussi à une mobilisation pour revendiquer, de façon urgente, le désarmement de la police au contact de la population, et la dissolution de tous les corps spéciaux de répression, à commencer par les BAC et les Brav-m.
- 1. Sébastien Bourdon et Pascale Pascariello, « Incidents au Stade de France : le rapport Lallement embarrasse au sein même du ministère de l’intérieur », Mediapart, 30 mai 2022.