«Chers amis, je ne cesserai jamais de vous dire, la politique est un acte d’amour ». C’est par ces mots que Marine Le Pen a ouvert son discours, le 1er Mai au Havre, lors de la « fête de la nation » organisée par le Rassemblement national. On aurait envie de rire, si la situation n’était pas aussi grave, en entendant la leader d’extrême droite nous parler d’amour alors que son parti contribue, depuis des décennies, à véhiculer la haine.
Après cette entrée en matière lyrique, Marine Le Pen a ensuite dressé un tableau apocalyptique de la situation politique et sociale en France, et il ne lui aura pas fallu longtemps pour revenir aux fondamentaux en pointant « le risque d’effacement des millénaires d’histoire et de culture » — comprendre le « grand remplacement ».
En délocalisant son rassemblement annuel au Havre, ville de tradition ouvrière, le RN entendait notamment faire passer un message, en surfant sur la contestation sociale actuelle : se préoccuper de la situation des travailleurEs, être au plus près du « peuple », en mettant en scène une opposition à un Macron au service des élites.
Mais rien n’y a fait. Contre-réforme des retraites, salaires au plus bas, précarité, chômage : une seule réponse, nationaliste, chauvine, raciste, du côté de Le Pen, reprise par Bardella qui est intervenu dans la foulée pour vanter « une France fraternelle, où les Français seraient les premiers servis chez eux par l’instauration de la priorité nationale ».
L’imposture « sociale » du RN a été une nouvelle fois mise en évidence, lui qui était déjà fort distant de la mobilisation sociale qui dure depuis trois mois. Et pour cause ! Opposé à un véritable retour à 60 ans avec baisse de la durée de cotisation, opposé à l’augmentation du Smic, opposé à la taxation des bénéfices et des grandes fortunes, le RN n’a rien à proposer aux salariéEs et aux classes populaires, qu’il essaie de flatter tout en se rangeant résolument du côté du capital.
C’est ainsi que Le Pen et Bardella en ont appelé à « la paix sociale par le retour de l’autorité » : comprendre l’écrasement de toute forme de contestation sociale sur fond de négation de la lutte de classe et de construction d’ennemis de l’intérieur. Comme l’ont rappelé les près de 20 000 manifestantEs qui ont défilé le 1er Mai dans les rues du Havre : l’extrême droite est et demeure l’ennemie des travailleurEs, et la riposte sociale sera antifasciste ou ne sera pas !