Publié le Mercredi 28 février 2024 à 14h00.

Le travail doit payer !

Face à la colère légitime des agriculteurEs, le gouvernement a fait la sourde oreille et continue d’égrener sa politique antisociale. Imposons-lui nos choix sociaux et écologiques.

Inédite, l’inauguration du Salon de l’agriculture le 24 février n’avait pourtant rien d’inattendu. Pour la première fois, les CRS ont dû déambuler dans les travées pour empêcher les agriculteurEs en colère d’approcher Macron, dont le programme a été retardé de 4 heures. Mais le président de la République nous a tant habitué à ses coups de com’, ses sorties méprisantes et ses leçons de morale, il a tant allumé de foyers de contestation, que la surprise est limitée ! 

Un gouvernement fragile qui profite à l’extrême droite

Tant de limites ont été franchies que ce Salon de l’agriculture marque autant une rupture qu’il apparaît comme la synthèse des sept années de mandat écoulées et le symbole de la crise politique de la macronie. Moins d’un mois après la fin d’un remaniement fleuve étalé sur des semaines de polémiques sur le service public de l’Éducation, l’image donnée par le président et son Premier ministre est celle d’une grande fragilité !

Bardella ne s’y est pas trompé qui, dès le lendemain au même endroit, pouvait parader et se présentait comme l’anti-Macron dans un silence poli, presque bienveillant comparé aux huées de la vieille, affirmant : « Je n’ai qu’un seul adversaire dans ces élections européennes, c’est Emmanuel Macron ». L’extrême droite n’a pas manqué l’occasion de se présenter comme la meilleure réponse au libéralisme de la bande à Macron. 

Annonces et coups de com’ contre revendications

Les agriculteurEs continuent de construire le rapport de forces (voir notre édito). Ce sont aussi les enseignantEs et personnels de l’Éducation qui, dans le 93, réclament un plan d’urgence. Le 26 février, jour de rentrée, ils et elles étaient en grève, ­reconduite le soir même après une manifestation à plus de 700 à Paris près de l’établissement Stanislas ! Dans les hôpitaux, ça craque de partout, et cela se voit ! À l’école, c’est compliqué ! Et dans les boîtes, à la SNCF ou dans les boîtes privées, pour avoir de bonnes NAO, il faut faire grève ! Le mouvement social apprend et s’organise.

Gabriel Attal annonce encore une fois des attaques sociales, notamment sur l’assurance ­chômage, croyant sans doute qu’il aura la stabilité pour mener à bien ces projets. À défaut, nous savons que ce pouvoir compte sur la communication, les hommages nationaux ou des panthéoni­sations, comme celle de Missak et Mélinée Manouchian le 21 février, ou encore sur la rhétorique guerrière — contre-feu ou ballon d’essai — censée évoquer la « grandeur de la France », comme Macron en a usé propos de l’envoi de troupes en Ukraine le 26 février. 

Tout cela ne pourra faire oublier que les actes concrets de la macronie vont toujours dans le sens des riches et du maintien de l’ordre social sans répondre jamais aux urgences sociales et écologiques.

Augmenter les salaires et garantir les revenus

Le gouvernement est fragile ! Ne laissons pas le terrain à Bardella et ses amis. Le rapport de forces peut permettre de faire bouger les lignes, comme le montrent les agriculteurEs toujours en mouvement, exigeant des réponses concrètes et rapides, ici en France, mais aussi dans bien d’autres pays européens, comme à Bruxelles où le 26 février les tracteurs ont bloqué les rues. 

Oui, le travail doit payer ! En France et partout en Europe. Des prix planchers rémunérateurs pour les produits agricoles doivent être garantis à l’échelle de l’Union européenne. C’est la seule manière d’assurer les mêmes droits pour toutEs et une production agricole dirigée vers la qualité en circuit court et la satisfaction des besoins… plutôt que celle du marché et de la libre concurrence !

Oui, le travail doit payer ! En France et partout en Europe. Il faut imposer que les salaires soient indexés sur l’inflation. Les inégalités sont insupportables et nous aurons deux occasions de le dire par la grève et la manifestation : le 8 mars, pour la grève féministe, contre les violences et pour l’égalité des droits et des salaires ; le 19 mars pour la journée de grève intersyndicale de la fonction publique !

Ces mobilisations peuvent être des points d’appui dans la perspective de construire une alternative politique, unitaire et radicale, face à l’extrême droite et aux politiques liberticides et libérales.

Fabienne Dolet