Les articles sont nombreux, depuis le 19 janvier et la première manifestation contre la réforme des retraites, sur une prétendue « nouvelle doctrine de maintien de l’ordre ». La gestion de Nunez représenterait une rupture avec celle de son prédécesseur, Lallement, dont on n’a pas oublié la violente répression contre les Gilets jaunes et les manifestations du mouvement social. Violence physique doublée d’un discours insultant et méprisant, délibérément provocateur.
Les provocations verbales ne sont plus de mise dans un contexte où les manifestations sont massives et soutenues par l’opinion publique. Les forces de police sont moins au contact des manifestations, ce qui permet le retour, voire l’arrivée, dans les manifs, de personnes qui s’en étaient tenues éloignées. Pourtant, touTEs les manifestantEs ont bien vu les rues adjacentes aux parcours des manifs noires de policiers et les BRAV remobilisées. Surtout, la préfecture de Paris tient à affirmer qu’elle est sur une « stricte application » du nouveau schéma national du maintien de l’ordre instauré par… Lallement.
Aucune raison d’en douter : le gouvernement n’a en rien modifié sa conception autoritariste. Il l’adapte au rapport de forces politique et social. Pour le mesurer, il suffit de regarder le niveau de répression dans les manifestations à Rennes, à Nantes, mais aussi en région parisienne, où préfecture et ministère de l’Intérieur couvrent les violences policières : le 19 janvier un jeune photographe a été mutilé, des dizaines de lycéenEs parisienEs ont été gazéEs et placéEs garde à vue (GAV) pour avoir tenté de bloquer leur établissement. Au campus Condorcet, à Aubervilliers, 29 étudiantEs ont été violentéEs en GAV par des policiers habitués à l’impunité dans le 93.
Le 17 février, à Saint-Denis (93), une militante syndicaliste de Sud Collectivités Territoriales, bien connue de la police municipale qui l’a interpellée parce qu’elle s’interposait face à leurs comportements violents, a été placée en GAV. Durant le rassemblement de soutien devant le commissariat, un militant de Sud Éducation en train de préparer des sandwichs a été, lui, interpellé pour « port d’arme dans un rassemblement » ! Et 24 heures plus tard pendant un autre rassemblement de soutien à un militant de Sud en GAV dans le 13e arrondissement à la suite de la manifestation en direction des centres de rétention (voir p. 8), c’est un des responsables du service d’ordre de Solidaires qui a été placé en GAV pour rassemblement illégal.
À 15 jours du 7 mars, date à laquelle le pays est appelé à s’arrêter, on voit bien la pression sur les militantEs syndicalEs. Loin de nous impressionner, c’est une raison supplémentaire de nous mobiliser pour défendre chacune et chacun et renforcer notre détermination à bloquer le pays.