En novembre 2003, l’adjoint au maire de Marseille délégué à l’urbanisme, Claude Valette, déclarait : « On a besoin de gens qui créent de la richesse. Il faut nous débarrasser de la moitié des habitants de la ville. Le cœur de la ville mérite autre chose. »1
- 1. https://www.francecultur…] 15 ans plus tard, sa dystopie tente de se réaliser à marche forcée avec la destruction de la Plaine, tandis que les plus pauvres meurent dans l'effrondrement d'immeubles insalubres.
Le projet de détruire la Plaine, un lieu de vie des classes populaires marseillaises, se met en place sous une protection policière qui ressemble à une opération militaire. D’après le préfet de police, il y a sur place chaque jour 150 policiers, soit un tiers des effectifs de voie publique. Des interventions ont lieu en pleine nuit pour se cacher des habitantEs et on constate une consommation de grenades lacrymogènes digne des plus grandes démocraties de ce monde…
Face aux habitantEs, un mur
Le dernier épisode de la saga Soleam (Société locale d’équipement et d’aménagement de l’aire marseillaise), après l’abattage des arbres non prévu dans le projet, est la construction d’un mur de 2,5 mètres de haut : 1 000 tonnes de béton pour un coût supplémentaire de 390 000 euros… En face, une lutte protéiforme, de la résistance face aux nervis de l’État aux manifestations joyeuses et populaires en passant par des référés : tous les moyens possibles sont utilisés pour renvoyer ce chantier aux oubliettes qu’il n’aurait jamais dû quitter.
La Plaine, îlot alternatif, propice à la vie associative, aux initiatives solidaires, épine dans le pied d’une gouvernance à destination des plus riches et des touristes aisés, ne veut pas être cette place lisse et mortifère que la municipalité vomit sur les habitantEs et usagerEs du quartier.
Les collectifs de résistance rassemblent une bonne partie des phocéenEs : parents ayant pour habitude d’emmener leurs enfants au terrain de jeu, retraité qui profitait de l’ombre des arbres pour se reposer, minots profitant de cette surface libre pour organiser des parties de foot, travailleurEs venant oublier, dans un moment convivial, la pression du travail autour d’une mousse, d’un jus de fruits, d’un verre de pastis ou seulement pour le plaisir d’une conversation.
Les habitantEs ont la ferme intention de poursuivre le combat, et viennent de recevoir le soutien d’artistes du street art qui ont l’intention de créer une grande fresque sur le thème de la lutte contre le contrôle de l’espace public.
Jorj X. McKie