Publié le Vendredi 12 mai 2023 à 11h00.

Nantes : une répression violente au service des réformes

Lors de la manifestation du 1er Mai dernier, un manifestant touché par une grenade a été transporté à l’hôpital la main en lambeaux et une lycéenne a pris les éclats d’une autre grenade dans l’œil, son iris est touché : 21 jours d’ITT.

Depuis le début du mouvement, un autre manifestant a perdu un testicule à la suite d’un tir de LBD en fin de manifestation un soir de casserolade, des étudiantEs se sont fait nasser en mars à la suite d’une opération de blocage sur le périphérique et ont subi des agressions sexuelles de la part de la police : 4 femmes ont porté plainte. 

À cela s’ajoutent les interpellations, par dizaines chaque jour de manifestation — encore 29 le 1er Mai selon les médias locaux —, les charges de la BAC, les tirs de LBD et évidemment les gazages massifs.

Stratégie policière bien rôdée

Malgré l’horreur que représentent ces violences policières et cette répression, elles ne sont que la face émergée d’une stratégie policière bien rôdée. À Nantes, les forces de l’ordre sont omniprésentes dans les manifestations. La moindre mobilisation est scrutée. Le parcours des manifestations inter­syndicales est le même depuis le début du mouvement et il ne pourrait pas en être autrement : de chaque côté de la manifestation, à chaque intersection, les forces de l’ordre encadrent le cortège l’empêchant de traverser les rues commerçantes ou d’atteindre certains lieux de pouvoirs tels que la chambre de commerce et d’industrie ou la mairie. Cette nouvelle offensive répressive ne doit rien au hasard dans une ville qui a constitué un des laboratoires de la répression d’État dans le cadre du mouvement d’opposition à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

Malgré le discours gouvernemental qui consiste à dire qu’il y a les bonEs et les mauvaisEs manifestantEs et que l’intervention de la police servirait à protéger les manifestantEs et les cortèges syndicaux, comme l’a encore dit Darmanin la semaine dernière, dans le défilé nantais, personne n’est dupe.

Les gazages massifs ont concerné tous les cortèges, des syndicalistes ont été arrêtés. Même le secrétaire régional de l’UNSA a été blessé dans le cadre de charges policières contre le cortège syndical. Les policiers frappent et interpellent dans les bars et commerces du centre-ville après les manifestations.

Intimidation

L’objectif de la police n’est bien évidemment pas celui de la protection. Au contraire, il s’agit de faire peur et de convaincre de ne pas y aller celles et ceux qui hésiteraient à se rendre en manifestation. Les messages de la préfecture sur les réseaux sociaux en témoignent, des images avec inscrit « black bloc » en gros caractères intimant aux personnes de quitter les lieux pour justifier la répression. Finir le parcours d’une manifestation est devenu un objectif en soi, alors quoi de plus normal que d’entendre « Police nationale, milice du capital » ou encore « la Police déteste tout le monde » aux sonos des organisations syndicales. 

En étant 80 000 encore dans les rues le 1er Mai, les manifestantEs nantais ont prouvé que malgré la répression, ils et elles étaient déterminéEs à mettre un coup d’arrêt à Macron et ses réformes.