À l’appel du « collectif pour la survie des boulangeries et de l’artisanat », des centaines de personnes — essentiellement des boulangerEs — ont défilé dans les rues de Paris ce lundi. TouTEs réclament des mesures au gouvernement face à la hausse du coût de l’énergie et des matières premières. À l’augmentation de 20 % du coût de la farine (mais aussi des œufs, du beurre ou du sucre) s’ajoute l’explosion du prix de l’électricité, avec des factures qui ont pu doubler ces derniers mois.
Face à cela, comme toujours, les réponses du gouvernement sont inexistantes ou inadaptées : un « bouclier tarifaire » a été mis en place pour les TPE (les très petites entreprises de moins de dix salariéEs et au chiffre d’affaires annuel inférieur à 2 millions d’euros)… mais dont le compteur électrique affiche une puissance de moins de 36kVA. Cela exclut de fait les boulangeries en raison de la consommation des fours.
Cette réaction des boulangerEs en colère est juste, car tous refusent de répercuter cette explosion des coûts sur leurs prix de vente. Dans le contexte d’une inflation qui vide à toute vitesse les porte-monnaie, l’augmentation du prix du pain — qui pourrait dans ce cas doubler — ne peut être une réponse, d’autant plus face à la concurrence des capitalistes de l’agro-alimentaire et de leurs grandes surfaces qui eux ont les moyens de tirer toujours plus les prix vers le bas.
Sous pression de la crise actuelle, dans l’étau d’un pouvoir qui a toujours préféré les gros marchands aux petits commerçants et artisans, ainsi que des banques qui dictent leur règles financières, cette manifestation des boulangerEs est aussi l’expression d’un système qui ne peut se réguler et qui nécessite que l’on s’y confronte. En commençant par imposer le blocage des prix de vente des matières premières et de l’énergie, contre les (sur)profits des capitalistes de ces secteurs.
Cet appel à manifester a été boudé par la Confédération nationale de la profession, visiblement satisfaite du dialogue en cours avec le gouvernement. Personne ne devrait oublier que, comme l’a dit l’un des manifestants, « la dernière fois [que les boulangers sont descendus dans la rue], c’était à la Révolution française »...