Tandis qu’il feint, dans les sommets du G20, de pourfendre les bonus des traders et autres revenus mirobolants des patrons des banques, Sarkozy veut imposer des mesures d’austérité bien réelles aux travailleurs et à l’immense majorité de la population.
Après la taxe carbone, le gouvernement a annoncé son intention d’augmenter le forfait hospitalier, qui passerait de 16 à 20 euros par jour, et de réduire encore les remboursements de certains médicaments. Le prétexte, cette fois ? Le « trou » de la Sécurité sociale estimé à 20 milliards d’euros d’ici à la fin de l’année.
Toutes ces annonces suscitent beaucoup de « cacophonie », comme le disent les médias, dans le parti au pouvoir. Mais les critiques des députés et parfois ministres UMP ne portent que sur la forme ou le niveau des attaques, pas sur le fond.
Aucun d’eux, et c’est le cas également du Parti socialiste ou des Verts, ne dénonce le fait que ces mesures et cette politique sont toutes entières au service du patronat.
La hausse du forfait hospitalier – créé par la gauche, rappelons-le – et celle des médicaments, si elles sont confirmées, frapperont durement les malades, ce qui est la négation même du principe de la Sécurité sociale, dont les dépenses n’augmentent pas, mais dont les recettes s’effondrent. Le « trou » s’aggrave du fait de l’augmentation du nombre de chômeurs et du manque à gagner en cotisations qui en découle. La politique du patronat qui licencie massivement pour préserver ses profits, en est responsable. Avant même le déclenchement de la crise, ce déficit avait été creusé par les gouvernements qui octroient généreusement depuis des années des exonérations de cotisations sociales à ce même patronat. Le montant en atteint aujourd’hui plus de 30 milliards d’euros. L’Etat subventionne à tout va les actionnaires et dirigeants des multinationales et des banques.
C’est cette politique qui a fait exploser les déficits et la dette publique dont le financement, à son tour, engraisse cette partie infime et richissime de la population. La crise représente pour cette dernière une formidable opportunité d’accentuer son offensive contre le monde du travail.
Aux réformes libérales déjà en cours, à la privatisation de la poste et celles, rampantes, de la santé, des transports et même de l’éducation, s’ajoutent maintenant la restructuration de leurs réseaux de production, les fermetures d’entreprises et les licenciements massifs, pour abaisser le coût du travail. Les sociétés cotées à la Bourse de Paris ont ainsi engrangé, malgré la crise, 25,5 milliards d’euros de bénéfices au premier semestre 2009.
Mais de cela, il n’en a été nullement question lors de l’Université d’été du Medef, les 3 et 4 septembre. Les nombreux forums étaient, notamment, consacrés à « l’éthique au sein du capitalisme », aux « valeurs du sacré et de la liberté », à la « décroissance prospère », mais aucun à l’emploi, aux licenciements, aux ravages de la crise. Les dirigeants patronaux font comme s’ils n’étaient pas eux-mêmes responsables de la crise. Ils n’auraient en vue, à les entendre, que les intérêts de la population. C’est ainsi au nom de la « place des enfants », du prétendu intérêt des générations futures, que Laurence Parisot, la patronne du Medef, a de nouveau réclamé le recul de l’âge de départ à la retraite et une réforme radicale de tout le système actuel. Et c’est au nom de l’intérêt des petites entreprises qu’elle s’est réjouie de la mort annoncée de la taxe professionnelle et a revendiqué que la compensation de la taxe carbone dont parle le gouvernement pour les ménages soit étendue aux entreprises.
Quelle imposture ! L’intérêt de la population, c’est au minimum un emploi et un salaire décent, ou une retraite permettant de vivre correctement, le droit au logement, l’accès à des soins et une éducation gratuits et de qualité, à la culture...
Toutes ces choses, modestes au regard des richesses créées par la société, sont incompatibles avec l’avidité de la minorité richissime qui dirige l’économie et que sert le pouvoir.
Galia Trépère