La course aux parrainages, c’est une course d’endurance. Nous le savions déjà, de l’expérience accumulée des élections passées des vingt dernières années. Mais il semble que cette édition en rajoute une couche avec l’extension de la période de collecte des parrainages. « Puisqu’il y a le temps », se disent certains maires, « ne nous décidons pas trop vite ».
L’aspect négatif, c’est que la qualification de Philippe Poutou n’est à ce jour pas assurée. Nous voyons se dessiner sous nos yeux la carte des 500 parrains et marraines, mais elle tarde à se concrétiser. L’aspect positif, c’est que nous continuons de rencontrer des maires dans les cantons où nous n’avons pas – ou alors très peu – tourné, qui n’écartent pas l’idée de parrainer Philippe, voire qui formulent des conditions suffisamment précises et possibles pour qu’on les compte parmi les « hésitants », ces parrains potentiels dont nous savons par expérience que seule une minorité fera au bout du compte le geste de signer pour Philippe.
Des difficultés… et des arguments
Les uns hésitent entre lui et un autre « petit candidat », quelle que soit son étiquette politique. Leur préoccupation est d’assurer le pluralisme de l’élection. Et des petits candidats en quête de parrainages, ce n’est pas ce qui manque. La concurrence est rude, mais Philippe a de nombreux atouts : c’est un travailleur comme les autres, qui parle comme n’importe qui, et pas un professionnel de la politique.
Les autres ont en tête un nombre nettement plus restreint de candidats. « Ce sera Poutou ou Mélenchon », parfois « Poutou ou Taubira ». Les difficultés rencontrées par ces autres candidats de gauche constituent pour nous un obstacle. « Je préfère parrainer Poutou plutôt que Mélenchon, mais je ne veux pas que 10 % des électeurs soient privés de la possibilité de voter pour leur candidat », disait ainsi un maire hésitant revu ce week-end. À nous de convaincre en leur montrant que nombre d’élus de La France insoumise n’ont toujours pas remonté leur parrainage, qui ne fera pourtant certainement pas défaut à leur candidat le 4 mars. À nous d’expliquer que si Christiane Taubira est vraiment et réellement candidate jusqu’au bout, ce qui est de plus en plus improbable, elle peut mobiliser des réseaux d’éluEs à même de la qualifier. À nous de convaincre les maires que ni l’une ni l’autre n’ont vraiment besoin de la signature d’un ou d’une maire d’une petite commune qui n’apparaît pas sur la carte des réseaux de ces partis politiques.
Le sprint final est lancé
Il n’y aura personne d’autre que les militantEs et sympathisantEs du NPA pour faire le travail de rencontre et de conviction des élus. Personne d’autre que celles et ceux qui voient en Philippe « leur » candidat. Il faudra arracher une par une les signatures qui manquent encore. Non pas les arracher des mains des maires, avec lesquels nous discutons d’autant plus cordialement qu’ils et elles se coltinent quelques-uns des problèmes de la société que nous dénonçons et combattons à longueur d’année. Mais les arracher face à la pression en sens contraire que font peser, sur les maires, le qu’en dira-t-on ou les craintes de voir compromis des projets utiles à la commune du fait d’un marquage politique, ou encore la pression d’électeurs ou d’élus d’extrême droite dans leur conseil municipal.
Le sprint final est lancé. Mais c’est un sprint bizarre. Il va durer encore deux semaines. Deux semaines pendant lesquelles il va falloir se dépenser sans compter, tenir, et vaincre. Car de ces semaines dépendent beaucoup de choses… à commencer par la présence du candidat avec lequel le président Macron craint le plus de débattre, dans cette élection.