« Même si Aliot ne le veut pas, nous on est là ! » Adaptant le slogan des Gilets jaunes (repris par nombre d’autres mobilisations), les manifestantEs de la Diada de Catalunya Nord, samedi 6 novembre à Perpignan, ont exprimé haut et fort leur détermination à résister au maire RN-FN qui, mettant en œuvre sa politique ultraréactionnaire, s’attaque aussi à l’identité catalane de la ville.
Depuis le début des années 80, est organisée la Diada [journée commémorative], à la date anniversaire du Traité des Pyrénées (qui, le 7 novembre 1659, a défini la frontière entre les royaumes d’Espagne et de France, coupant la Catalogne en deux), afin d’exprimer l’identité catalane qui a résisté au rouleau compresseur centralisateur du nationalisme français. Un nationalisme dont Aliot est le très fervent défenseur.
Première attaque : contre le blason aux couleurs catalanes « sang et or » dans lequel Aliot a introduit du tricolore et remplacé la tour symbole de la ville (le Castillet) par un Saint-Jean au look gaulois, « Perpignan la catalane » devenant « Perpignan… la rayonnante » ! Puis sabotage du projet d’un collège-lycée d’enseignement en catalan. Et, dernièrement donc, à l’occasion du traditionnel rassemblement de la Diada, interdiction de hisser en haut du Castillet – comme cela se faisait les précédentes années - l’estelada, le drapeau catalan sang et or frappé d'une étoile. Comme l’a rappelé un manifestant cité par le quotidien local, « c’est notre emblème, nos racines et notre combat contre tous les fascismes » (L’Indépendant, 7 novembre 2021)
C’est bien ce qu’a tenté de faire disparaître Aliot. Mais c’est précisément ce qu’ont tenu à réaffirmer les quelque 2000 manifestantEs dont bon nombre venus de Catalogne sud en solidarité avec le nord – mais en l’absence significative des organisations politiques françaises autres que le NPA. A côté des traditionnels mots d’ordre catalanistes, était largement repris : « Perpinyà antifeixista ! » [Perpignan antifasciste]. Et, passant devant la mairie, ils/elles en ont recouvert les murs de grands autocollants de l’estelada. Un drapeau dont une énorme image a été projetée, en fin de manif, sur le mur du Castillet, là précisément où Aliot avait interdit qu’il soit hissé ! A l’issue de la manifestation, plusieurs prises de parole ont dénoncé à nouveau la censure politique mais aussi le blocage – au nom de la lutte antiterroriste - des routes secondaires traversant la frontière, réclamant son ouverture. Et pour finir par le chant de révolte Els Segadors [les faucheurs], devenu hymne national catalan, et un mot d’ordre massivement repris : « Feixistas fora de Perpinyà [fascistes hors de Perpignan] ! »