Le grand guignol qu’a constitué l’élection du président de l’UMP est bien évidemment disproportionné par rapport aux enjeux d’une telle élection. Mais il traduit, de façon déformée, les difficultés de la bourgeoisie française et de son principal représentant politique à se positionner dans l’actuelle situation économique et politique.
Le clivage, très artificiel, droite molle (Fillon) – droite décomplexée (Copé) ne répond que très approximativement à des différences de stratégie politique au moment où une instance dirigeante de la bourgeoisie comme le FMI s’interroge sur le bien-fondé de la poursuite de la politique d’austérité. De ce fait, pour les militantEs de l’UMP, rien d’enthousiasmant ni de décisif dans les choix offerts proposés par les deux prétendants. La « victoire » de Copé correspond à la volonté des militantEs de se démarquer le plus clairement des valeurs historiquement portées par la gauche.
Un espace politique disputéL’enjeu de la réorganisation de la représentation politique de la bourgeoisie est à la dimension de la crise économique et sociale. La confirmation de l’évolution de la social-démocratie en social-libéralisme assise sur le rapport Gallois, la politique sécuritaire et d’immigration de Valls, enlève bien des munitions aux Hortefeux, Guéant et autres Lagarde et Bertrand. Le Front national peut raisonnablement espérer récupérer militantEs et électeurs dégoûtéEs par la farce électorale et l’impuissance politique qu’elle illustre.L’existence de résistances sociales, de forces politiques à gauche du PS et l’importance du poids électoral de l’extrême droite, rendent difficile le développement d’un bipartisme de type anglo-saxon. Cela justifie encore plus la construction de la mobilisation contre la politique du dialogue social, pendant incontournable de la politique d’austérité du gouvernement Hollande. Les rodomontades de Copé menaçant le gouvernement de manifestations de rue nous renvoient à nos propres responsabilités : construire par les mobilisations, par la grève et les manifestations, la seule opposition réelle à la politique sociale-libérale, la défense des intérêts des travailleurEs.Robert Pelletier