Pas encore tout à fait candidat, François Hollande est déjà en campagne. Et sa campagne s’annonce, sans surprise, libérale et autoritaire, s’inspirant à la fois de Thatcher et de Schroeder...
Mais sur quelle planète vit Hollande ? La question peut se poser tant sa déconnexion à la réalité sociale et politique est grande. En effet, il n’a de cesse de répéter sur toutes les ondes, en bon candidat pour 2017, que « ça va mieux pour la France »... au moment même où des milliers de salariéEs s’opposent à la loi travail, au moment même où le chômage et la précarité explosent.Mais pour lui, l’urgence serait de combattre le retour de la droite en 2017, sans rien céder sur la loi travail qui, selon lui, est un « texte de progrès » et une « garantie » pour les droits des salariéEs... Et sur sa planète, cette loi aurait été « discutée, concertée, corrigée, amendée »… Oubliant juste le passage en force « institutionnel » de son gouvernement avec l’utilisation du 49-3 à l’Assemblée nationaleMardi 17 mai, le candidat Hollande était l’invité d’Europe 1 pendant une heure, pour convaincre du bienfait de sa politique depuis 4 ans, mais aussi pour mettre en garde sur le retour de la droite au pouvoir. Tout au long de son interview, Hollande n’a cessé d’attaquer la droite et leurs propositions économiques… Cela comme si lui-même, depuis 4 ans, avait mené une politique de gauche.
« There is no alternative » ?
Cerise sur le gâteau, pour Hollande, « En dehors du gouvernement qui est aujourd’hui en place, il n’y a pas d’alternative à gauche. (…) Si je ne suis pas reconduit, c’est la droite ou l’extrême droite qui arrivera au pouvoir », reprenant ainsi à son compte le fameux « There is no alternative » de Thatcher... Cette dernière semble l’inspirer fortement puisqu’il a également indiqué que sur la loi travail, il ne « cédera pas, (…) parce qu’il y a trop de gouvernements qui ont cédé. » Attaquant ainsi, sans aucun doute, la mollesse de Juppé en 1995 et de Villepin en 2006. Lui, il fera donc mieux que la droite en passant en force, en réprimant massivement, en interdisant des manifestations, en envoyant les flics sur les barrages, les grévistes…Mais ce n’est pas tout, le candidat Hollande avoue aussi sa préférence et son inclination pour le « modèle Schröder », dont les contre-réformes libérales, il y a dix ans, ont fait de l’Allemagne l’un des pays les plus inégalitaires d’Europe. « Je préfère qu’on garde de moi l’image d’un président de la République qui a fait des réformes, même impopulaires, plutôt que d’un président qui n’aurait rien fait. » Même des « réformes » de droite ?
Pas encore officiellement candidat – il l’annoncera en décembre – mais déjà en campagne pour défendre son bilan, Hollande continue donc sa tournée d’adieux, non pas à la scène politique mais à la gauche, au moment même où, plus que jamais, ce gouvernement et ses décisions apparaissent illégitime aux yeux du plus grand nombre. À nous de lui prouver qu’une alternative peut exister, qu’« autre chose est possible », comme dirait le camarade Ken...Sandra Demarcq