Le Parti socialiste aurait-il aidé le Front national à gagner un siège de députéE dans le Vaucluse, en contribuant concrètement à faire élire la jeune candidate Marion Maréchal-Le Pen ? C’est la question soulevée par le magazine l’Express, la semaine dernière.L’hebdomadaire avance quelques sources qui semblent crédibles, et d’autres qui le sont moins. Il prétend que le lundi 11 juin 2012, au lendemain du premier tour des élections législatives, deux militants du FN sont passés dans un local du PS à Carpentras, afin de se livrer à un deal. Si la candidate PS Catherine Arkilovitch (arrivée en troisième position dans la circonscription de Carpentras et peu éligible) se maintenait au second tour face à l’UMP et au FN, le FN se maintenait à son tour dans la cinquième circonscription voisine, favorisant le candidat socialiste Jean-François Lovisolo contre son adversaire de l'UMP.C’est un militant de la campagne de Lovisolo, pour le moment anonyme, ainsi que le socialiste Patrice Lorello, qui auraient raconté à l’Express les termes du deal. L’autre source citée, Martine Furioli (la candidate FN de la cinquième circonscription) apparaît nettement moins crédible.
Des tactiques dangereusesIl n'est pas impossible que les choses se soient déroulées comme le prétend le magazine. On connaît le résultat des élections à Carpentras : au second tour, la candidate PS s'était bien maintenue face aux candidatures UMP et FN et Marion Maréchal-Le Pen a été élue. Il y a depuis longtemps dans l'appareil du PS la tentation de considérer la montée du FN comme bénéfique en divisant la droite. François Mitterrand était déjà expert de ce genre de combinaisons tactiques… et dangereuses. De plus, l'UMP de Carpentras étant dominée par le courant de la « Droite populaire », pas très éloigné du FN sur certaines questions, le PS local a pu se montrer indifférent à trancher entre UMP et FN…Toujours est-il qu'aucune tactique cynique ne peut être de mise avec un parti comme le FN, lourd de dangers.Bertold du Ryon