À Rennes, la mobilisation de l’Inter-organisation a permis de maintenir la pression et d’occuper deux gymnases pour accueillir cet hiver 200 personnes.
Le président du conseil régional avait promis qu’il ferait expulser le squat réquisitionné en janvier 2024, dans un ancien immeuble de bureau (celui des Voies navigables de Bretagne). Il l’a fait en juillet. De nombreuses forces de police sont venues sommer les gens de quitter les lieux, dans des conditions conformes à la politique raciste de chasse aux migrantEs du gouvernement. Les soutiens ont même reçu des amendes, qui pour stationnement gênant, qui pour non-port de la ceinture, alors qu’iels étaient là pour aider les gens à récupérer leurs affaires. Un recours concernant ces amendes a été déposé, une procédure est en cours. Les personnes qui avaient trouvé refuge dans ce bâtiment du Conseil régional, ont dû s’installer dans un parc. En septembre 2024, plus de 200 personnes survivaient dans plusieurs campements à Rennes.
Réquisition !
À l’automne, les pouvoirs publics ne bougeant pas, l’Inter-organisation de soutien aux personnes exilées a décidé d’agir. Un gymnase a été réquisitionné pour mettre 80 personnes à l’abri. La municipalité a laissé faire, mettant une société de surveillance à la porte, n’autorisant l’accès qu’aux personnes inscrites sur leur liste. En novembre, une vague de froid s’annonçant, il était hors de question de laisser des personnes à la rue. L’Interorga a donc réquisitionné un deuxième gymnase ! Cette fois la municipalité ne donne aucune nouvelle. Il est clair que cela arrange bien les pouvoirs publics, à tel point que le 115 redirige des migrantEs vers ce deuxième gymnase. C’est une victoire, victoire minime mais victoire quand même.
Et maintenant ?
Le résultat de ces actions, outre le fait que 200 personnes peuvent se poser, récupérer, un tant soit peu, une cellule de crise préfecture/mairie s’est réunie et l’Interorga a été reçue par des exécutantEs de la préfecture, après un an et demi de demandes de rendez-vous. Il a été expliqué que les budgets avaient été en hausse, qu’il n’y avait pas de fluidité dans l’hébergement d’urgence à cause (bien sûr !) des sans-papiers, et qu’il était difficile de reconduire à la frontière les exiléEs. Mais il semblerait qu’iels cherchent des solutions pour les personnes les plus vulnérables, pour l’hiver seulement. Il est clair que nous ne nous satisferons pas de solutions qui n’en sont pas (beaucoup resteront sur le carreau) et qu’il faudra d’autres actions, d’autres mobilisations pour mettre la pression sur la préfecture et la mairie et, sans doute, trouver nous-mêmes d’autres solutions pour les personnes à la rue. Tant qu’il reste des gens à la rue, tant qu’il y a des bâtiments vides, la réquisition s’impose !
Manifestation !
Le 18 décembre, à Rennes, le cortège a donc été marqué par une forte présence de personnes migrantes, comme à chaque fois qu’elles occupent des lieux où s’organiser. Une manifestation dynamique, combative, mais qui ne suffira pas pour faire reculer ce gouvernement qui compte bien rendre la vie de plus en plus impossible aux sans-papiers et les utiliser davantage, à l’instar de l’extrême droite, comme boucs émissaires. Seule une mobilisation de masse et unitaire pourra faire plier ce pouvoir au service d’une bourgeoisie de plus en plus encline à choisir le fascisme.
CorrespondantE