Publié le Mercredi 12 avril 2023 à 13h00.

Reprendre, ce n’est pas voler

« La nouveauté c’est qu’on met des antivols sur la viande, le poisson emballé, et ça, on ne le faisait pas il y a deux, trois ans ». Ces propos de Thierry Cotillard président de la société Les Mousquetaires, datent du début du mois de mars. Depuis, plusieurs enquêtes ont confirmé que l’une des conséquences de l’inflation massive sur les produits alimentaires et de la stagnation des salaires et revenus est le recours de plus en plus fréquent au vol dans les rayons alimentation des supermarchés.

Avec 15,4 % d’augmentation en moyenne sur un an, les produits alimentaires coûtent cher, très cher, trop cher. ÉtudiantEs, salariéEs à revenu faible ou moyen, précaires, chômeurEs, retraitéEs : les témoignages recueillis indiquent que le vol est devenu un moyen de plus en plus répandu pour s’assurer la possibilité de manger à sa faim et à peu près convenablement.

Cité par Mediapart, un délégué syndical CGT Monoprix explique : « Avant, les clients venaient pour voler les produits à prix élevé, notamment l’alcool et les foies gras. Là, ils prennent même des pâtes qui coûtaient 75 ou 80 centimes et se retrouvent à deux euros. Maintenant, les premiers prix, ça a tellement explosé qu’il n’y a plus de premiers prix. Les gens volent pour manger maintenant. Avant, c’était pour avoir un produit de luxe qu’on n’a pas l’habitude d’acheter. »

Ces phénomènes en disent long sur la situation de crise sociale que nous traversons, à laquelle Macron et les siens ne « répondent » qu’en demandant toujours plus d’efforts aux plus précaires, laissant leurs amis capitalistes jouer avec les prix et comprimer nos salaires et nos revenus. Et ce ne sont pas les gesticulations de Bruno Le Maire, qui assurait le 11 avril avoir envoyé « un courrier aux grands industriels » à propos des prix de l’alimentation — on imagine que ceux-ci ont dû trembler en recevant ledit courrier — qui y changeront quoi que ce soit.

Nous n’avons rien contre le vol à l’étalage dans les grandes enseignes, qui n’est jamais qu’un moyen d’imposer, individuellement, une autre répartition des richesses. Mais il va de soi que nous devons aussi nous battre pour sortir d’une situation qui contraint de plus en plus de gens à voler — et à prendre le risque d’une sanction : en augmentant tous les salaires et revenus d’au moins 400 euros ; en les indexant sur l’inflation ; en posant la question, à plus long terme, d’une sécurité sociale de l’alimentation, dans le but de sortir cette dernière des logiques capitalistes.