Claude Guéant, l’homme fort du sarkozysme, ancien ministre de l’Intérieur, ancien directeur de la police nationale, ancien secrétaire général de l’Élysée, ancien préfet, ancien directeur de cabinet et ancien bras droit de Sarkozy, a donc passé sa première nuit à la prison de la Santé le 13 décembre.
L’incarcération d’un tel puissant est assez rare dans l’histoire politique française, mais Guéant y a mis du sien en refusant de verser les pénalités financières auxquelles il avait été condamné, pensant sans doute qu’il était au-dessus des lois. Rappelons-nous : en avril 2017, le « cardinal » a été condamné à deux ans de prison dont un avec sursis, 75 000 euros d’amende et 105 000 euros de dommages et intérêts à verser à l’État pour « complicité et recel de détournement de fonds publics ». En effet, Claude Guéant, pendant qu’il était directeur de cabinet, avait ponctionné de l’argent liquide (105 000 euros) dans l’enveloppe dévolue aux frais d’enquête des policiers. Mais malgré sa condamnation, il persiste à penser que cet enrichissement personnel était une « pratique tout à fait habituelle au ministère de l’Intérieur depuis des décennies ».
Après Balkany en 2019, Guéant est donc la deuxième personne du clan Sarkozy à se retrouver derrière les barreaux et nous l’espérons, même si nous ne sommes pas des partisans des politiques carcérales, pas le dernier à payer parmi ceux de l’édifice de cette fameuse « République irréprochable » vantée par Sarkozy.
L’incarcération de Guéant remet en lumière le fonctionnement quasi ordinaire d’un système politique (quel que soit le parti au pouvoir), où l’argent, les petits arrangements entre amis du même monde, voire la corruption, permettent donc que les corrompus — ainsi que bien évidemment les corrupteurs — continuent leur petite vie bien réglée. Tout cela pour assurer la pérennité d’un ordre fondé sur les inégalités, les oppressions, la recherche du profit à tout prix et la protection des puissants que cela sert.
Il est grand temps d’en finir avec un système dans lequel les frontières entre intérêts privés et intérêt public sont inexistantes, dans lequel aucun contrôle n’est possible sur les élus, nécessairement générateur d’une caste de politiciens professionnels qui ne nous représentent pas et abusent de leurs positions de pouvoir pour se servir et servir leurs amis.