Trois jours après les élections européennes, Sarkozy annonçait la mise à l’étude d’une « taxe carbone » censée prendre en compte les préoccupations écologistes.
Mais il s’agit seulement, en réalité, de trouver de nouveaux impôts pour compenser la suppression de la taxe professionnelle, un des cadeaux récents du gouvernement au patronat. Dans la même annonce, d’ailleurs, Sarkozy ne confirmait-il pas, cyniquement, le choix de développer le nucléaire ?
C’est toute la politique du gouvernement qui est à l’image de cette entourloupe. Sarkozy et ses ministres feignent de considérer que les 28 % obtenus par les listes UMP sont un aval donné à leur politique. Ils savent bien qu’il n’en est rien et que leur score, ramené au nombre d'inscrits sur les listes électorales, n’est que de 11%. Ils savaient surtout, avant même qu’elle n’ait eu lieu, que la journée appelée par les syndicats le 13 juin ne serait qu’une conclusion à leur politique de démobilisation.
Voilà qui donne au patronat et au gouvernement, du moins provisoirement, les coudées franches pour relancer leur offensive. Le 4 juin, Sarkozy annonçait que les mutuelles pourraient prendre en charge une partie des soins couverts jusqu’ici à 100 % par la Sécu. Le 5, on apprenait que la privatisation de La Poste serait portée en novembre à l’Assemblée nationale. Le 9 juin, la loi « pour faciliter le maintien et la création d’emplois » qui, sous couvert de préserver l’emploi, est destinée à augmenter la flexibilité des salariés en facilitant, entre autres, le prêt de main-d’œuvre, a été adoptée par les députés. Le projet de loi sur le travail du dimanche, un moment enterré, sera finalement examiné par l’Assemblée nationale pendant la session extraordinaire de juillet. De même que la loi sur la « mobilité des fonctionnaires », dont l’objectif est d’introduire la possibilité, exceptionnelle jusqu’alors, de licencier des titulaires de la fonction publique. A toutes ces attaques, il faut ajouter l’adoption finale par le Sénat de la loi Bachelot sur la santé et la remise sur les rails de la contre-réforme des lycées; la mise en place du RSA, qui pourra se traduire par la suppression de toutes les indemnités pour celles et ceux qui refuseraient deux « offres raisonnables d’emploi »; et, enfin, les 35000 suppressions de postes programmés pour 2010 dans la fonction publique. Dimanche 14 juin, le ministre du Travail, Brice Hortefeux, a réévoqué la possibilité de repousser l'âge de départ à la retraite à 67 ans, afin de faire face aux déficits des différents régimes…
Ces prétendues réformes qui organisent en réalité la régression de tous les droits sociaux, Sarkozy et son gouvernement assurent qu’elles vont dans l’intérêt de toute la population. Mensonge et imposture ! Elles ne servent que les intérêts des classes dirigeantes, qui s’emploient à faire payer la crise à tous ceux qui n’y ont aucune responsabilité. Leur offensive s’est traduite par la destruction de près de 188000 emplois au cours des trois premiers mois de l'année et pourrait conduire à une augmentation du nombre de chômeurs de 1 million d’ici à la fin de l'année.
Profitant du désarroi momentané né de l’enterrement d’une année de mobilisations, le pouvoir avance ses pions et tente d’effacer le fait qu’il est ultraminoritaire, en s’appuyant sur les pseudo-oppositions du Parti socialiste et des confédérations syndicales. Mais le mécontentement et la révolte sont toujours là, et se préparent, avec les discussions sur la nécessité de l’auto-organisation et du contrôle de nos luttes pour en faciliter leur convergence, les conditions d’une véritable contre-offensive.