Qui dit élection nationale dit « soirée électorale » sur les plateaux des grands médias. La soirée du premier tour de l’élection présidentielle n’a pas dérogé à la règle, avec le défilé des candidats et de leurs représentants, soit directement en plateau, soit en duplex depuis leur « QG ». CertainEs nous ont demandé où étaient Philippe Poutou et le NPA. La réponse est simple : aucun « grand média » ne nous a contactés dimanche pour une quelconque invitation.
Nous nous en remettrons, et n’entendons pas nous poser en victimes d’une quelconque censure. Mais cette absence d’invitation n’est pas anodine, et constitue finalement la quintessence de l’absence totale d’organisation du débat démocratique durant cette campagne présidentielle. Nous avons déjà eu l’occasion d’en parler dans nos colonnes : des règles anti-démocratiques concernant le temps de parole au refus de Macron qu’il y ait un quelconque débat avant le premier tour, en passant par les « formats » médiatiques favorisant la dépolitisation, tout a été fait pour éviter que des candidatures comme la nôtre puissent se faire entendre.
C’est en réalité à une non-campagne que nous avons assisté, alimentée de quelques « buzz » et de centaines de sondages, à défaut d’une réelle discussion politique, d’une confrontation de programmes, d’une interpellation des sortants sur leur bilan catastrophique. Des éléments qui permettent, parmi d’autres, de comprendre l’élévation du niveau d’abstention, mais aussi les scores de Macron et Le Pen, dont le duel au second tour était « programmé » depuis des mois, voire des années, et qui ont tous les deux bénéficié de ce phénomène de non-campagne.
La crise démocratique est profonde, avec la normalisation d’un exercice autoritaire du pouvoir et le développement toujours plus important de courants politiques ultra-autoritaires, voire fascistes. L’absence totale d’organisation, dans l’espace public et les médias, du débat démocratique, à l’occasion de l’élection présidentielle, est à ce titre à la fois une expression et un accélérateur de la crise démocratique. Une crise démocratique qu’il va s’agir de prendre à bras-le-corps, avant qu’il ne soit trop tard.