Déclarations islamophobes de Copé, prises de position de maires contre le mariage homosexuelou de personnalités du parti contre la dépénalisation du cannabis... La droite fait actuellement feude tout bois, mais il n’est pas sûr que cela suffise à éteindre ses propres contradictions. Entre appétits personnels et véritable crise d’orientation, droite, droite extrême ou extrême droite ?
Depuis l’installation de l’équipe Hollande -Ayrault, la droite et son principal parti l’UMP ne se sont pas économisés pour tenter d’exister. Pas une semaine sans que les critiques ne soient portées contre ce gouvernement accusé de tous les maux. Pour autant, la nature de ces critiques illustre les difficultés et interrogations dans laquelle la droite est aujourd’hui empêtrée. Difficile en effet de se démarquer d’un gouvernement qui inscrit sa politique économique dans l’austérité européenne, reprenant à son compte le TSCG, un gouvernement dont l’emblématique ministre de l’Intérieur va même jusqu’à assumer une certaine continuité avec ses prédécesseurs de droite. Alors l’UMP se lâche sur les questions sociétales et approfondit lourdement la drague sur sa droite, lorgnant toujours plus du côté des thématiques du Front national.
Toujours plus à droite
Le « ni ni » largement défendu lors des élections législatives en était déjà la parfaite illustration en juin dernier. En renvoyant dos à dos le PS et le FN, la ligne affirmée par Copé et reprise par l’ensemble des ténors du parti ouvrait la voix à une politique toujours plus tournée vers sa droite.
Il y a bien sûr un personnel politique au sein de la droite où les transfuges de l’extrême droite ne sentent plus le soufre, à commencer par l’ex-conseiller de Nicolas Sarkozy, l’ancien directeur du journal Minute Patrick Buisson, ou le secrétaire national Guillaume Peltier, ancien membre des FNJ, ancien partisan de Mégret puis porte-parole de Philippe de Villiers.
Sans même parler des petites phrases venues de droite faites pour « dédiaboliser » une MarineLe Pen présentée comme une dirigeante politique avec qui on peut désormais discuter…
Vers de possibles accords ?
L’œil déjà rivé sur les municipales de 2014 et évidemment sur la prochaine course présidentielle, la droite radicale chasse à droite toute. À commencer par les courants organisés au sein de l’UMP, « la droite populaire » désormais contestée par « la droite forte » de Guillaume Peltier qui a fait de la lutte contre l’assistanat et l’islam ses deux principaux chevaux de bataille au nom d’une « République laïque de tradition chrétienne »…
L’épisode récent des odieux « pains au chocolat » de l’actuel secrétaire général de l’UMP Copé confirme que, au delà de la surenchère liée à la campagne interne entre Copé et Fillon, les positions de l’extrême droite pénètrent durablement la droite.
Dès lors, il est fort probable que les déclarations d’une Marine Le Pen affirmant qu’ « il n’y pas de digue en béton entre la base de l’UMP et les idées que nous défendons, parce que nous avons bien souvent les mêmes » trouveront rapidement un écho à droite, ouvrant la voie à de possibles accords. Un danger pour la gauche sociale et politique.
Manu Bichindaritz