Dans la foulée de ses prédécesseurs, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin multiplie les opérations de communication, se saisissant du moindre fait divers pour convoquer les caméras, qui répondent toujours présent, et affirmer d’un ton martial que « l’État ne se laissera pas faire ». Dernier épisode en date à Champigny, suite aux tirs de feux d’artifice contre le commissariat de la ville, où il s’est précipité pour déclarer, la larme à l’œil : « J’ai eu un sentiment de dégoût de voir un symbole de la république ainsi attaqué. »
On passera sur le sentiment de dégoût que nous inspire chaque apparition médiatique de Gérald Darmanin, accusé par plusieurs femmes d’avoir abusé de ses fonctions de maire de Tourcoing pour leur imposer des relations sexuelles, et toujours sous le coup d’une enquête pour viol et harcèlement sexuel. Dégoût renforcé par la présence quasi systématique à ses côtés de Marlène Schiappa, ex-secrétaire d’État à l’Égalité femmes-hommes et désormais ministre déléguée à la Citoyenneté, sous la tutelle de Darmanin…
Et l’on retiendra l’annonce tonitruante du ministre de l’Intérieur : « Interdire la vente de ces feux d’artifice au public, y compris sur Internet ». Diantre ! Persuadé que la politique se résume à la com’, même lorsqu’il s’agit d’annoncer fièrement qu’une opération de police mobilisant 60 agents a permis de saisir 12 grammes de résine de cannabis, Darmanin reprend ainsi à son compte la maxime sarkozienne « Un fait divers, une loi ». On attend avec impatience le jour où un commissariat de police sera attaqué à coups de pots de peinture ou de tomates trop mûres.
Au-delà des gesticulations de Darmanin, c’est au durcissement du cours autoritaire de la Macronie que l’on assiste, et les coups de menton des uns font malheureusement écho aux coups de matraque des autres. Alors que la crise sanitaire s’approfondit sans que le pouvoir ne fasse rien sinon multiplier les interdictions, que la pauvreté s’étend et que les inégalités s’accroissent, le gouvernement entend se poser en garant – violent – d’un ordre social injuste. Mais la colère est là, elle gronde, et il n’appartient qu’à toutes celles et tous ceux qui veulent se débarrasser de ces grands commis du CAC 40 de la transformer en feu d’artifice de mobilisations.