Le gouvernement Barnier, c’est la droite dure au pouvoir, RN compatible, avec des ministres qui marquent le retour de « La Manif pour tous ». Le ministre de l’Intérieur, B. Retailleau, en est le spécimen le plus représentatif, un des meneurs de cette manif contre le mariage pour tous, à l’école de Philippe de Villiers.
Retailleau est l’auteur d’un florilège de propos racistes comme « ensauvagement de la société », « décivilisation de l’Occident », « régression vers des origines ethniques », « Français de papiers ». Il a voulu revenir sur la loi Taubira, a voté contre le projet de loi voulant interdire les thérapies de conversion, s’est opposé à l’inscription de l’IVG dans la Constitution. Le premier flic de France cumule : à la fois raciste, sexiste, homophobe, répressif et anti-social.
Les migrantEs cibléEs en premier
Le ministre de l’Intérieur faisait partie des sénateurs qui, au moment du vote du projet de loi asile immigration en décembre 2023, ont présenté des amendements encore plus durs à la loi Darmanin. Il enfourche le même cheval de bataille. Comme l’avait fait Darmanin avec le meurtre de la petite Lola, la mort tragique de Philippine est instrumentalisée de façon indécente pour mettre en avant la non-exécution d’une OQTF (obligation de quitter le territoire français) et l’assimilation raciste selon laquelle étranger = violeur et assassin. Le viol et les violences sexuelles ont lieu en grande majorité au sein de familles « bien françaises ». On n’a pas entendu Retailleau and Co s’émouvoir des viols successifs infligés à Gisèle Pelicot, droguée à son insu par son mari.
L’obsession de Retailleau est d’augmenter les OQTF et les expulsions. Il a déclaré au JT de TF1 le 23 septembre vouloir « prendre tous les moyens » pour faire « baisser l’immigration ». Il a agité la menace d’une prolongation de la rétention à 130 jours, la double peine, la réforme de l’AME (aide médicale d’État). L’année dernière, la droite sénatoriale dont est issu B. Retailleau avait déjà tenté de supprimer l’AME, pour la remplacer par une « aide d’urgence » très réduite. Immédiatement des oppositions se sont manifestées parmi les soignantEs qui savent que cette mesure non seulement est inhumaine mais qu’elle aurait des conséquences sanitaires.
Ces discours sont simplistes, mensongers, démagogiques. Prenons l’exemple des OQTF, décriées parce qu’elles seraient faiblement appliquées : 103 515 OQTF ont été prononcées au cours du premier trimestre 2024 en France, dont — sinistre record ! — 34 190 ont donné lieu à une expulsion, contre 15 400 en Allemagne. Les OQTF sont envoyées automatiquement dès qu’un demandeur d’asile est débouté. Les demandes de titre de séjour sont presque systématiquement refusées et suivies d’une OQTF. Sur la quantité, beaucoup sont irrecevables et inapplicables.
Cette rhétorique est un copier-coller de la propagande du RN qui ne peut que lui profiter. L’alliance des macronistes et de LR est bien compatible avec l’extrême droite.
Dans le viseur les libertés démocratiques
Le gouvernement Barnier reprend aussi des éléments du programme du RN : aggravation des politiques austéritaires contre les services publics et la Sécurité sociale ; répression. Il ne peut pas exister de politique d’extrême droite sans restriction drastique des libertés démocratiques. B. Retailleau d’ailleurs l’a répété trois fois : « Rétablir l’ordre ! ». Et dans la foulée il a annoncé qu’il porterait plainte contre le député d’Avignon, Raphaël Arnault pour avoir dit que la police tue en Kanaky, ce qui est parfaitement vrai.
Contre Macron, le gouvernement Barnier et le RN, unité à la base !
Ensemble, les militantEs des partis qui ont constitué le NFP, les syndicalistes, les militantEs associatifs, les individus, toutes celles et ceux qui ont permis le sursaut contre le RN aux élections législatives, créons des cadres de réflexion et d’action communes, afin de construire le rapport de forces suffisant pour engager la lutte contre Macron, le gouvernement Barnier, le RN, imposer le programme du NFP.
Julie Dumont