Lundi 7 septembre, Alec et Dany (militants de Solidaires ÉtudiantEs), Delphine (psychologue) et Olivier (militant NPA mais aussi du SNES-FSU) ont été jugéEs et condamnéEs à Nice, après leur interpellation du 9 mai 2019 (interpellation violente pour Olivier)1.
Les policierEs de la BAC qui se sont succédé à la barre se sont contredits, étant incapables de se souvenir quel était le slogan qui constituait prétendument un outrage à leur égard (« Ils tirent au LBD, à bas les condés, ils tuent, ils blessent, à bas les CRS »). Pire, ils continuaient à prétendre que nous disions « abats ! » et non « à bas » et que cela constituait une menace de mort…
Dangereux engrenage
Le président du tribunal a considéré que cette « confusion » de la part des policiers n’était pas grave. Par ailleurs, nous n’étions poursuiviEs que pour ce slogan, mais les avocats des parties civiles et la procureure nous ont fait savoir que « Police partout, justice nulle part » les gênait aussi. Lorsqu’on leur a fait remarquer qu’il s’agissait d’une citation de Victor Hugo, cela les a énervés.
Au final Dany et Alec ont pris deux mois avec sursis pour outrage, Delphine deux mois avec sursis pour violences et Olivier six mois avec sursis pour outrage, rébellion et violence. Avec en plus 6 000 euros de dommages et intérêts à payer à six des sept policiers (la dernière, présente en tant que « syndicaliste » d’Alliance a été déboutée). Nous avons collectivement décidé de faire appel.
Ce qui est grave, c’est que les faits reprochés et pour lesquels nous sommes finalement condamnés sont ridicules. Pour justifier sa demande de condamnation, la procureure a fait référence à des jurisprudences qui toutes faisaient état de slogans sur le suicide de flics. Or, ce n’est pas notre cas. Cela veut dire que pour la première fois un slogan dénonçant les violences policières peut être interdit et donner lieu à condamnation. Et là on met un doigt dans un engrenage dont on ne sait pas où il peut s’arrêter.
Enfin, le tribunal a donné raison à une organisation, Alliance, qui est proche de l’extrême droite (elle avait invité Marion Maréchal à l’une de ses manifestations lors de la loi Travail). Cette organisation est capable d’écrire des tracts tous plus réacs les uns que les autres, allant parfois jusqu’à quasiment appeler à la sédition2 contre un État qui ne ferait pas ce qu’elle souhaite.