Publié le Mercredi 18 janvier 2023 à 12h00.

Vive la grève !

Avant même la journée de grève du 19 janvier, le défilé avait commencé sur les plateaux télé : responsables politiques, éditorialistes et autres experts ont eu micro ouvert pour dire tout le mal qu’ils pensaient des grèves à venir. Un ballet pas très original il faut le dire, qui se reproduit quasi mécaniquement lors de chaque mobilisation sociale d’ampleur, où les tenants de l’ordre établi se succèdent pour donner des leçons de maintien aux salariéEs qui oseraient perturber la bonne marche de l’économie.

Deux récents épisodes nous avaient rappelé à quel point ces gens détestent que celles et ceux qui font fonctionner des secteurs essentiels décident de se faire entendre en cessant le travail : la grève des raffineries et celle des contrôleurs SNCF. Que n’a-t-on entendu lors de ces mobilisations, de la sempiternelle formule sur la « prise d’otages » au procès en « individualisme » en passant par l’accusation d’être une « minorité » qui perturbe la vie de la « majorité ». Et c’est ainsi qu’il y a quelques jours, sur LCI l’« économiste » Pascal Perri évoquait « les populations à risque, celles qui sont susceptibles de bloquer l’activité ».

Un condensé de la façon dont, du côté de certains cercles politico-médiatiques, on considère les salariéEs : invisibiliséEs lorsqu’ils et elles accomplissent, par leur travail, des tâches indispensables au bon fonctionnement de la société, mépriséEs lorsqu’ils et elles « osent » relever la tête pour défendre leurs droits. Mais, n’en déplaise à certains, les faits sont têtus : oui, ce sont bien celles et ceux d’en bas, les travailleurEs, qui produisent les richesses et qui font tourner tout ce qui est indispensable à la vie en commun. Et contrairement à ce que Sarkozy avait cru bon de déclarer lorsqu’il était président, lorsqu’il y a des grèves, dans le pays, tout le monde s’en rend compte.  

Une mobilisation comme celle qui s’engage rappelle à qui l’avait oubliée la puissance de la grève, qui demeure la principale force des salariéEs, et les réactions outragées du patronat, de ses idéologues et de son personnel politique n’en sont que la confirmation. Pour leur faire ravaler leur morgue, pour les faire reculer, c’est bien une grève de masse qu’il nous faudra construire, seul moyen de bloquer totalement le pays et les faire partir, avec leurs contre-réformes.