On n'en attendait pas grand-chose et on n'a pas été déçu. Entre exercice habituel d'autosatisfaction et profession de foi au goût austère, les premiers vœux de Hollande annoncent une feuille de route 2013 tout à fait dans la suite des premiers mois d'exercice du pouvoir par le gouvernement Ayrault.Les médias avait laissé filtrer l'information : l'emploi devait être le grand thème des premiers vœux du Président Hollande. Surjouant sa composition de chef de l’État, il a totalement assumé les premières mesures prises en 2012 pour satisfaire les classes dirigeantes européennes, notamment par « le rétablissement des comptes publics », et au service des patrons français, par le pacte de compétitivité dont il n'a pas manqué de vanter les 20 milliards de cadeaux aux entreprises.Injustice socialePour répondre à la « crise historique », le Président, sûr de lui, est revenu sur ses grandes décisions de l'année : maîtrise des dépenses annonçant la continuité de la cure d'austérité, mise en place du pacte de compétitivité, et soi-disant maîtrise de la finance. Oui rappelez-vous, l'ennemi du candidat devant lequel le Président s'est bien vite couché… Pour faire passer la pilule, le tout est évidemment enrobé d'un bien bel « esprit de justice », formule creuse et passe-partout qui ne peut masquer justement l'injustice des mesures prises durant ces premiers mois. Ainsi, pour vanter sa supposée politique en faveur de la « justice sociale », le Président a rappelé les « augmentations » du RSA, du smic et de l'allocation de rentrée scolaire ou encore le retour de la retraite à 60 ans sous conditions pour celles et ceux qui ont commencé à travailler tôt… Oui il a osé !Faisant preuve d'un optimisme forcé, Hollande a été formel : en 2012, « nous avons engagé le redressement ». Il n'est pas sûr que les millions de chômeurEs, les salariéEs licenciéEs ou à l'emploi menacé – comme à PSA ou à ArcelorMittal – ou les sans-papiers de Lille en grève de la faim partagent son appréciation…Cap sur la mobilisationRenvoyant sans honte dos à dos la « peur du licenciement » des salariés et la pseudo « peur de l'embauche » des employeurs, Hollande s'est réfugié derrière le « tout pour l'emploi, la compétitivité et la croissance » pour mieux faire passer ses futures mesures d'austérité. « Toutes nos forces seront tendues vers un seul but : inverser la courbe du chômage d'ici un an. Nous devrons y parvenir coûte que coûte ». Mais dire ce n'est pas faire… Surtout quand c'est en vantant les contrats d'avenir, les contrats de génération ou un futur « accord sur la sécurisation de l'emploi », alors que l'urgence sociale exige des mesures radicales pour répondre aux licenciements et aux suppressions de poste, pas la précarité !Soyons rassuré, Hollande nous le dit : « le cap est fixé ». Le nôtre aussi : plus que jamais, celui de la construction dans la rue, sur les lieux de travail et d'études et dans les quartiers, d'une opposition résolue à ce gouvernement. Il le mérite !Manu Bichindaritz